Notre lettre 1207 publiée le 14 mai 2025

BIENVENUE

À UN FILS DE SAINT-AUGUSTIN

UNE CHRONIQUE
DE PHILIPPE DE LABRIOLLE

Le pape Léon XIV, élu rapidement par le Conclave ce jeudi 8 mai 2025, est un américain que l’on aurait sans doute tort de croire « bien tranquille », selon l’expression de l’écrivain catholique Graham Greene. Un visage avenant, dévoilant une émotion de bon aloi, dominant une stature solide chamarrée à l’ancienne, et assumant ses origines. « Je suis un fils de Saint Augustin ». Dont acte.

Léon XIII, lui, préférait saint Thomas d’Aquin, dont il rendit l’étude obligatoire dans les séminaires. Mais par ses constitutions monastiques, l’évêque d’Hippone, vivant sous un empire romain malmené, est le Mentor de tous les moines et moniales. Par ses « sermons sur la chute de Rome » prononcés entre 410 et 412, le fils de Sainte Monique montre que la vraie demeure du baptisé est au Ciel.

Inconnu de la foule massée place Saint Pierre, le nouveau pape a prononcé des mots censés exprimer sa dette. Ce n’est pas à l’Ave Maria récité avec tous, ni à la bénédiction indulgenciée que nous trouverions à redire. Mais à une affirmation évidemment fausse, qui menace de ruiner la Mission de l’Église Catholique toute entière. La voici : Dieu aime tout homme d’un amour inconditionnel. Si l’aphorisme est exact, c’est à rebours des paroles du Christ lui-même, et notamment telles que Saint Marc et Saint Mathieu les restituent sans ambages. « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc,16 15/16). « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt,28 18/20).

Le chapitre 8 d’Amoris Laetitia déclarait la miséricorde divine « gratuite, imméritée, inconditionnelle ». Ce chapitre d’un sophisme continuel a largement scandalisé, à divers titres. Le mariage étant bel et bon, il faut le protéger ; CEPENDANT, (face aux concubinaires) « il sera possible de mettre en valeur ces signes d’amour qui, d’une manière ou d’une autre, reflètent l’amour de Dieu. ( …) Il s’agit de les accueillir et de les accompagner avec patience et délicatesse. » Soit, mais pourquoi la patience et la délicatesse sont ils réservés aux trangresseurs ? Et les horions infects aux confesseurs loyaux ? Pour une raison simple : « Toutes les notions théologiques qui, en définitive, remettent en question la toute-puissance de Dieu, et en particulier sa miséricorde, sont inadéquates ». Excusez du peu !

Résumons : tous ceux qui, sur la base de notions théologiques inadéquates, contestent que tout est pardonné a priori dans le discours de l’Unique Sauveur, remettent en question la toute-puissance de Dieu. Telle est la gnose bergoglienne qui veut faire honte aux fidèles de leur fidélité même, curieusement impardonnable... Peut-on enfin tourner la page funeste d’une Église d’autant plus maltraitée qu’elle est plus fidèle ?

Encore faut-il noter que la Miséricorde postule un péché à pardonner, des limites à excuser. Si Dieu aime tout homme d’un amour inconditionnel, comme le nouveau pontife, l’émotion aidant, se risque à l’affirmer, il faut en déduire que le bourreau Lui est aussi cher que la victime, l’agresseur que l’agressé(e), le violeur que la personne violée, l’abuseur que l’abusé. Que Dieu aime Hitler, Staline, Mao autant que les Pères et Docteurs de l’Église, voilà qui est absurde à concevoir. Le corollaire s’énonce aisément, à savoir que les parcours existentiels de tous et de toutes lui sont indifférents, ce qui dénature la parole du Christ. « Ne vends on pas deux passereaux pour un as ? Pas un d’entre eux ne tombera au sol à l’insu de votre Père. Et vous donc ! Vos cheveux même sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte : vous valez mieux, vous, qu’une multitude de passereaux » (Mt10 29/31). Dieu est donc présent à nos vies, et à ce que nous en faisons. Saint Mathieu poursuit : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ; mais celui qui m’aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. (Mt10,32/33). Ainsi le Juste Juge saura-t-il sonder les reins et les coeurs, et évaluer l’usage des talents reçus. Contre la réalité des exigences évangéliques authentiques, l’amour prétendument inconditionnel de Dieu annonce l’universalité du Salut. La mission rédemptrice de l’Église, prolongeant celle du Sauveur Lui-Même, est déconsidérée, et le monde devient inexorablement un chaos indescriptible.

Très Saint Père, si vous voulez diffusez la Paix sur tous, remettez l’Église en bon ordre de marche, rendant à Dieu les devoirs qui Lui sont dus, en rendant aux prêtres leur dignité bafouée par la « synodalité » la plus fumeuse, en rappelant les pré-requis sociétaux qui bâtissent la cité de Dieu. Débarrassez vous des oripeaux bergogliens, en ayant, à l’instar de Saint Augustin, le courage, vital, de rédiger vos rétractations. Les 57 livres traduits par Poujolat et cie, publiés en 1864, vous sont connus, voire familiers. Quel meilleur guide vous suggérer ?


Philippe de Labriolle

Psychiatre Honoraire des Hôpitaux

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