Notre lettre 398 publiée le 30 juillet 2013
QUAND FLEURISSENT D’EXTRAORDINAIRES PREMIÈRES MESSES EN FRANCE, EN ITALIE, EN CROATIE…
La fête des saints Pierre et Paul – dont la date dans l’Ordo de Paul VI est demeurée inchangée par rapport à l’Ordo tridentin (29 juin) – marque la fin de l’année d’études dans les grands séminaires : elle est devenue depuis un demi-siècle la date habituelle des ordinations, plutôt que les messes des Samedis des Quatre-Temps liturgiquement destinées à cet usage. Du coup, le mois de juillet est tout naturellement le mois des premières messes pour les prêtres qui viennent d’être ordonnés.
Ces premières messes permettent souvent aux nouveaux prêtres des Instituts Ecclesia Dei de célébrer dans des églises d’ordinaire fermées à la forme extraordinaire, en France bien sûr mais aussi en Allemagne ou en Italie, comme ce fut le cas cette année en la cathédrale de Velletri, au sud de Rome, où a célébré l’abbé Massimo Botta, tout juste ordonné pour la Fraternité Saint-Pierre. En outre, comme nous l’avions évoqué en octobre 2010 à propos d’une première messe dans le diocèse de Ciudad del Este au Paraguay, cela permet à de plus en plus de nouveaux prêtres de choisir la forme extraordinaire pour leur première messe. Un choix que vient de faire par exemple l'abbé Manuel González – l'un des six nouveaux prêtres de l'archidiocèse de Tolède (Espagne) – et qui démontre que la génération Summorum Pontificum est une réalité qui s’étoffe d’année en année.
UNE "PREMIÈRE" EN CROATIE
Parmi les premières messes à signaler cette année, nous voudrions souligner l’événement que représente celle qui a été célébrée le dimanche 30 juin à Zagreb par le tout nouvel abbé Marko Tilosanec. Né en 1986, l’abbé Tilosanec a fait ses études au séminaire de Zagreb avant d’être ordonné pour le diocèse de Varazdin, diocèse suffragant de l’archidiocèse de Zagreb. Érigé en 1997, le diocèse de Varazdin compte plus de 160 prêtres pour une centaine de paroisses : contrairement aux différents pays de l’Union européenne qu’elle vient de rejoindre, la Croatie abrite en effet un catholicisme encore solide, même si le taux de pratique des 90 % de catholiques du pays n’est que légèrement supérieur à 15 % (rappelons que celui-ci ne dépasse pas les 4 % en France).
La forme extraordinaire est quasi méconnue en Croatie. La Fraternité Saint-Pie X n’y a pas de célébration régulière et il n’existe qu’une seule application dominicale et hebdomadaire du Motu Proprio Summorum Pontificum dans tout le pays, celle de Zagreb, qui a précisément accueilli l’abbé Tilosanec pour sa première messe.
En raison d’une hiérarchie ecclésiastique très « conservatrice » et peu favorable à la forme extraordinaire du rite romain, l’abbé Tilosanec n’a pu célébrer qu’une messe chantée dans une chapelle relativement exiguë. Les fidèles, en majorité de l’âge du célébrant (25-30 ans), avaient préparé un livret de messe précédé d’un mot expliquant l’originalité de la messe traditionnelle : la position ad orientem du célébrant, son ton de voix, les prières au bas de l’autel et celles d’offertoire, l’attitude des fidèles, la communion distribuée sur les lèvres, etc. De l’avis unanime, tout se déroula pour le mieux. Ajoutons ce détail touchant : c’était la première fois que cette communauté – bénéficiant, depuis février 2011 mais dans des conditions difficiles, de l’application dominicale et hebdomadaire de Summorum Pontificum – assistait à une messe avec encensement.
Comme nous l’a confié l’un des participants à cette première messe de l’abbé Tilosanec : « Tandis que les politiciens croates célébraient l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, nous célébrions en l’église Saint-Martin quelque chose nous reliant bien plus profondément à l’Europe et à tout le monde catholique. »
PREMIÈRES MESSES EN FRANCE
En France, on peut signaler cette année la première messe en forme extraordinaire d’un jeune prêtre diocésain dans les Pyrénées. Et une autre à Versailles, où l’abbé Guillaume Dupont, tout nouveau prêtre, a célébré le 1er juillet sa première messe à Notre-Dame-des-Armées. Cela fait donc un prêtre idoine de plus dans le diocèse de Versailles. Prions pour qu’il puisse être laissé libre de satisfaire l’une des nombreuses demandes d’application du Motu Proprio en attente de réponse dans le diocèse.
Discrètement, le Motu Proprio a pour ainsi dire mûri dans les séminaires : il y a quelques années, les nouveaux prêtres « restaurateurs » arboraient une soutane lors de leur première messe ; aujourd’hui, ils célèbrent une messe dans la forme extraordinaire. Il est d’ailleurs probable que le phénomène s’accentuera l’an prochain car les futurs prêtres, “cuvée” 2014, seront des jeunes gens entrés au séminaire en 2007, alors que Benoît XVI venait tout juste en juillet de publier le Motu Proprio. La génération Motu Proprio s’avance.