Notre lettre 482 publiée le 25 mars 2015

SIGNE DES TEMPS : MGR VINGT-TROIS NOUS MONTRE QUE LA VRAIE PAIX ET LA RÉCONCILIATION SONT EN MARCHE

Le dimanche 8 mars 2015, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a visité la paroisse Saint-Germain l’Auxerrois où il a tenu à célébrer aussi bien la messe de 9h45, célébrée dans la forme extraordinaire du rite romain, que celle de 11h30, célébrée dans la forme ordinaire. Au lendemain de la date anniversaire de l’entrée en vigueur de la messe en langue vernaculaire (le 7 mars 1965, voir notre lettre précédente), cette visite du cardinal Vingt-Trois revêt une valeur symbolique qui ne peut que nous réjouir.


I - UNE VISITE PAISIBLE

Un archevêque métropolitain qui choisit de célébrer les deux formes du rite romain dans la même journée et dans la même paroisse, c’est en soi une belle nouvelle. Mieux encore quand cet archevêque est celui de Paris et que cette visite sous le signe de la paix paroissiale et liturgique se fait au moment où certains nostalgiques de l’agitation postconciliaire entendent revenir en arrière sur la réconciliation permise par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI.

De l’avis des fidèles que nous avons rencontré, la venue du cardinal s’est déroulée dans la simplicité et la sérénité. Certains fidèles n’étaient pas au courant de la présence de Mgr Vingt-Trois et n’ont compris qu’au moment de l’homélie qui était ce prélat à la calotte rouge qui célébrait tourné vers le Seigneur : « À notre grande surprise, c’était le cardinal Vingt-Trois. Il a prononcé un très saint sermon de carême, puis a continué la messe, qu’il célébrait sans hésitation. Nous étions vraiment enchantés, comme toutes les familles qui étaient autour de nous » raconte Anne-Marie, qui accompagnait son petit-fils à une réunion de louveteaux.

Jean, paroissien occasionnel, a remarqué tous ces scouts présents, mais a surtout apprécié la beauté de la célébration et l’aisance du célébrant : « Le cardinal Vingt-Trois paraissait avoir une grande habitude ; les servants n’avaient pas à lui indiquer ce qu’il fallait faire, comme cela arrive parfois dans des messes célébrées par des prêtres qui disent rarement la messe traditionnelle. »

Henri, lui, est un paroissien fidèle, qui tient à témoigner de l’excellent climat qui règne dans la paroisse : « Il n’est pas nécessaire ici de rappeler la situation de Saint-Germain l’Auxerrois dans l’Histoire de France. C’est la paroisse du Palais du Louvre, au plein cœur de Paris. J’ai pour ma part perçu comme un clin d’œil à la crise de l’Église le fait que l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, soit venu le 8 mars dernier célébrer dans notre paroisse selon le missel traditionnel. Le 8 mars, soit 50 ans jour pour jour après la messe célébrée à Rome par Paul VI en italien, point de départ de la longue saison d’une réforme liturgique que je considère comme désastreuse à bien des égards. Je dois dire que Saint-Germain l’Auxerrois vit de manière très équilibrée un biformalisme de bon aloi sous la houlette de son curé, l’abbé Gilles Annequin. Je recommande la visite de son site internet, qui apporte un éclairage précis sur la vie de cette paroisse de près de 4 000 âmes qui, vie urbaine oblige, se connaissent peu entre elles. Du coup, les réunions et rencontres que notre sympathique curé organise en marge des activités liturgiques, spirituelles et culturelles, aident à créer un climat vraiment fraternel entre les paroissiens. Tous sont très attachés à leur curé, à leur église et à sa messe restaurée, même quand ils n’y assistent pas. Cette messe est vraiment un plus pour la paroisse. En raison de son histoire et de sa situation, à deux pas du Louvre et du Musée d’Orsay, l’église accueille aussi chaque dimanche des personnes de passage dont certaines découvrent ainsi par hasard, et souvent avec émerveillement, la messe traditionnelle, célébrée à 9h45. D’autres fidèles, des paroisses voisines du doyenné voire de paroisses de banlieue ne bénéficiant pas encore des justes dispositions du Motu Proprio de 2007 viennent aussi chez nous régulièrement, heureux d’y (re)trouver la messe traditionnelle chantée par notre joyeuse et performante chorale paroissiale. Permettez-moi de signaler aussi à vos lecteurs que la liturgie traditionnelle est aussi célébrée en semaine, tous les jeudis à 18h 30, grâce à la bienveillance de notre curé. »



Mgr Vingt-Trois célébrant selon le missel de saint Jean XXIII le 8 mars 2015 à Saint-Germain l'Auxerrois.



II - LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Le site de la paroisse indique qu’à l’occasion de la visite du cardinal Vingt-Trois « les assemblées étaient beaucoup plus nombreuses que d’habitude, signe de l’attachement inconditionnel que les fidèles parisiens portent à celui qui a la lourde charge de "gouverner, d’enseigner et de sanctifier" ceux que le Seigneur lui a confiés ». Il publie aussi la belle homélie (ici) prononcée à la messe de 9h45 (celle selon le missel de saint Jean XXIII) par le cardinal Vingt-Trois, sur le thème de la confession comme point de passage essentiel de notre chemin de conversion : « C’est un peu l’histoire de notre cheminement du carême qui nous est proposé chaque année par la liturgie chrétienne, un chemin de conversion pour nous préparer à renouveler les promesses de notre baptême dans la nuit pascale, un chemin de conversion pour nous délivrer de nos péchés, un chemin de conversion pour retrouver l’unité du combat : "tout royaume divisé contre lui-même va à sa ruine" (Lc 11,17). On ne peut pas à la fois être avec le Christ et contre le Christ. »

2) Nous avons souvent eu l’occasion de protester, parfois vivement, contre une application étriquée et peu charitable du Motu Proprio Summorum Pontificum à Paris. Nous nous faisons un devoir de noter l’inflexion de l’administration diocésaine de Paris depuis, nous semble-t-il, la visite du cardinal Vingt-Trois au pèlerinage de Chartres en 2010 (voir notre lettre 232), marquée par une série de signes qui montrent une écoute et une attention aux fidèles et séminaristes qui se retrouvent dans le Motu Proprio Summorum Pontificum. Cette visite pastorale à Saint-Germain l’Auxerrois, simple et discrète – le cardinal y a célébré la messe prélatice assisté de son secrétaire –, nous en semble une des illustrations. Nous ne pouvons que nous réjouir de ces progrès et de la promesse qu’ils portent d’un élargissement de l’espace accordé à la liturgie traditionnelle à Paris, pour le plus grand bien de l’évangélisation, des vocations sacerdotales et religieuses, de l’approfondissement de la foi et de la piété. 

3) Le pape Benoît XVI disait aux évêques de France, le 14 septembre 2008 : « Nul n’est de trop dans l’Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s’y sentir chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les Bergers de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l’honneur et de la confiance qu’Il nous fait. Efforçons-nous donc toujours d’être des serviteurs de l’unité ! » Le cardinal Vingt-Trois lui faisait écho en disant aux pèlerins de Chartres, le 28 mai 2010 : « Je vous considère comme des membres de ma famille. (...) Une famille se constitue de membres qui ne se choisissent pas, mais qui sont liés de façon indéfectible. (...) Nous sommes membres de la même Église. (...) Nos relations sont des relations de fraternité et de communion ». Nous ignorons si la correspondance entre les 50 ans de la messe en langue vernaculaire et la double célébration du cardinal de Paris est volontaire ou non. Mais c’est pour nous un signe des temps : « Car voici que l'hiver est passé, que la pluie a cessé », dit le Cantique des Cantiques (2, 11). Non point encore le printemps, mais peut-être son annonce comme le laissent espérer les gestes pacificateurs et répétés des souverains pontifes, de saint Jean-Paul II au pape François en passant évidemment par Benoît XVI.

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