Notre lettre 626 publiée le 3 janvier 2018

« On se fait déjà tellement ch... à la messe qu'on va pas en plus rajouter du latin ! » (*)

Entendue récemment dans une réunion paroissiale au cours de laquelle le curé proposait d'introduire le Credo en grégorien, cette phrase minable en dit long sur la façon dont un certain nombre de catholiques engagés dans la vie de leur paroisse perçoivent leur participation au Saint Sacrifice de la Messe. Ces catholiques, qui se revendiquent généralement de l'esprit du Concile, représentent parfaitement l'herméneutique de rupture condamnée par Benoît XVI dans son discours à la Curie du 22 décembre 2005. De toute évidence, ils n'envisagent la célébration eucharistique que comme un repas, une fête. Et, même quand le célébrant partage leur vision, ils n'y trouvent pas leur contentement. 

Une liturgie aussi affligeante de platitude peut-elle en réalité secréter autre chose que de que l’ennui ? Pour autant, il ne saurait être question pour eux de revenir à l'essence de la messe : toute tentative de célébrer tourné vers le Seigneur, de respecter des temps de silence et d'adoration voire seulement, comme ici, de chanter de chanter le Credo III, qui accompagne généralement la Messe des Anges, les révolte. Tout timide essai de réintroduire un peu de sacré, de beauté et de mystère dans la liturgie leur apparaît comme une insupportable provocation. 

Laudateurs de la « messe pour tous », ces piliers des conseils paroissiaux et des équipes liturgiques refusent d'entendre les aspirations des autres paroissiens à remettre, visiblement et symboliquement, le Christ au centre de la célébration dominicale. Convaincus d'être les seuls à « participer activement » à la messe parce qu'ils y jouent un rôle, ils ne se rendent pas compte de la réduire à un spectacle qu'ils finissent par juger comme tel. Au point d'en arriver à prononcer, en public et en présence de leur curé, cette apostrophe déplorable. Une apostrophe à laquelle un autre fidèle aurait pu répondre avec la chanson de Brassens : « Sans le latin, sans le latin, la messe nous em… » 

En soi, diront certains, que peut importer à des défenseurs de la forme extraordinaire du rite romain ce qui se passe au sein de la forme ordinaire ? Beaucoup, en fait ! Car, depuis 2007 et grâce au pape Benoît XVI, nous sommes chaque année plus nombreux à apprécier la forme extraordinaire du rite romain sans être pour autant nés avec la messe traditionnelle. C'est souvent notre expérience et notre compréhension des faiblesses de la forme ordinaire qui nous porte à choisir de grossir les rangs du peuple Summorum Pontificum. La véritable question que pose la phrase envoyée dans les gencives du malheureux curé et, par-delà lui, dans celles de tous les savants fabricateurs de la messe nouvelle, de surcroît par un paroissien ordinaire, est double : qu'est-ce-que la messe et est-il possible de vivre, en paroisse, la messe « pour tous et avec tous » à laquelle nous sommes nombreux à aspirer ? 

Profitons de de cette réflexion sur ce qu’on aurait appelé naguère, à l’époque de l’Action catholique, un fait de vie, pour rendre grâce, une fois encore, pour le don de Summorum Pontificum, qui nous sert d'étoile pour nous conduire, toujours plus nombreux et venant de tous les horizons, à adorer le seul et vrai Roi de gloire ! 

(*) Toute ressemblance avec la situation de votre paroisse, surtout si elle se situe quelque part autour du bassin d'Arcachon, n'est pas fortuite... 

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