Notre lettre 802 publiée le 10 juin 2021

A SAINT-GERMAIN-EN-LAYE LA " DEMANDE DE MESSE" SE POURSUIT...

UNE MESSE TOUS LES DIMANCHES DEVANT LES PORTES FERMEES D'UNE EGLISE VIDE

Paix liturgique : Cher Germain, cela fait plusieurs mois que nous n’avons plus parlé de votre situation à Saint-Germain-en Laye. Pourriez-vous nous donner les dernières nouvelles de votre demande de Paix et de Justice ?

Germain de Paris : Des nouvelles, sans aucun doute. Quant à savoir si la charité et la justice progressent, c’est tout autre chose…


Paix liturgique : Alors des nouvelles ?

Germain de Paris : Les nouvelles de notre communauté sont bonnes, et même, oserais-je dire, excellentes, car désormais nous sommes un groupe de fidèles engagés, un « groupe stable » de demandeurs de la messe traditionnelle. 


Paix liturgique : Qu’est-ce à dire ? Vous demandez la messe depuis quand et comment ?

Germain de Paris : Vous savez que notre demande d’une célébration à Saint-Germain est très ancienne : elle a été exprimée il y a plus de 20 ans ! Vous vous souvenez également qu’elle n’a guère été entendue nos pasteurs, se passant de l’un à l’autre la « patate chaude » : « ce n’est pas moi qui détient la possibilité de vous répondre allez voir l’évêque », celui-ci à son tour renvoyant vers le curé, puis vers le doyen, qui à son tour renvoie vers quelque conseil et ainsi de suite depuis 20 ans… 


Paix liturgique : Mais la situation a changé ?

Germain de Paris : Elle a évolué… surtout lorsque, dans la paix et la prière, quelques fidèles ont voulu exprimer la réalité de leur demande en venant PRIER, rien d’autre que prier, dans l’église de Saint-Germain. Vous savez comment ils ont été traités ? De terroristes, de voyous, d’intégristes même, et j’en passe.


Paix liturgique : Mais qu’avaient-t-ils cassé ?

Germain de Paris : Rien du tout. Ils ne sont venus qu’une vingtaine de fois que pour prier, prier, prier.


Paix liturgique : Mais pourquoi ces insultes et ces calomnies ?

Germain de Paris : Vous savez bien que, depuis Voltaire, la calomnie est une arme fréquemment utilisée et diablement efficace surtout lorsqu’elle est utilisée, hélas ! hélas ! hélas !, par les pasteurs et gardiens de nos âmes.


Paix liturgique : Alors vos amis ont décidé d’arrêter ces prières ?

Germain de Paris : Ce sont des mères et pères de familles responsables, dont le but n’est pas le scandale. Aussi, lorsqu’ils comprirent que leur appel au secours n’était pas entendu ont-ils réfléchi à d’autres solutions.


Paix liturgique : Un appel au secours ?

Germain de Paris : Bien sûr, celui d’enfants implorant l’oreille et le cœur de leurs parents, ici de leurs pasteurs.


Paix liturgique : Mais pourquoi ce silence ?

Germain de Paris : Il y a probablement plusieurs réponses, mais la principale fut que leur présence démontrait qu’ils existaient.


Paix liturgique : Mais bien sûr qu’ils existaient.

Germain de Paris : Vous me semblez bien naïf. Il est évident qu’ils existaient depuis plus de 20 ans. Mais pour nos pasteurs, véritablement autistes, ils n’existaient pas. On ne dialogue pas avec des gens qui n’existent pas.


Paix liturgique : Mais alors qu’avez-vous fait ?

Germain de Paris : Nous avons décidé d’exister encore plus et de célébrer dans la paix une première messe dans la chapelle de l’ancien hôpital. Chapelle INUTILISEE le dimanche, je le précise. 


Paix liturgique : Une chapelle inutilisée ?

Germain de Paris : Oui, une chapelle confiée au diocèse pour le culte, mais absolument vide chaque dimanche. L’administration avait proposé au diocèse de n’être plus seulement affectataire, mais même propriétaire, et de la récupérer totalement pour un 1 € symbolique.


Paix liturgique : Et quelle fut la réponse du diocèse ? 

Germain de Paris : Qu’il n’en avait pas besoin et qu’il avait déjà trop d’églises.


Paix liturgique : Mais ne justifiaient-ils pas leur refus de vous accorder une messe dominicale au motif justement qu’ils ne disposaient pas d’églises « disponibles » ?

Germain de Paris : Qui peut comprendre le cœur insondable de nos pasteurs ?


Paix liturgique : Alors vous avez décidé de faire célébrer une messe dans cette chapelle inutilisée de l’hôpital. 

Germain de Paris : Tout à fait, et ce sera bientôt le premier anniversaire de cette première célébration qui s’est passée dans la joie, la prière et l’amitié.


Paix liturgique : Rien n’a évolué ?

Germain de Paris : La situation a doublement évolué : d’une part la régularité de nos célébrations a augmenté et, d’autre part, les réactions de nos pasteurs se sont durcies, comme leurs cœurs assurément.


Paix liturgique : Vous avez augmenté le rythme de vos célébrations ?

Germain de Paris : En effet, et à partir du mois de septembre 2020 et jusqu’au début du mois d’avril 2021, nous sommes passés à un rythme bimensuel, c’est-à-dire une messe à 11 h tous les quinze jours.


Paix liturgique : Les cœurs endurcis de vos pasteurs, dites-vous ?

Germain de Paris : Voyant cela, ils ont fait fermer l’église à double tour et nous ont laissés dehors.


Paix liturgique : Dehors ?

Germain de Paris : Dehors ! Nous avons donc célébré dehors. Ce ne fut pas un vrai problème jusqu’en novembre. Ensuite les choses se corsèrent… notamment en janvier et février, au moment où il se mit à faire un froid de loup. Nous avons eu une messe sous la neige et je ne parle pas de la pluie.


Paix liturgique : On vous a laissé sous la pluie et sous la neige ?

Germain de Paris : Tout à fait, sachant par ailleurs que l’église est généralement ouverte à 14 h, une heure après que nous soyons partis… Et le pire est que les sans domicile fixe du quartier, qui profitaient de l’église ouverte le matin, sont chassés comme nous du peu de chaleur qu’ils trouvaient dans l’église propre et chauffée. Les SDF et les SEF (sans église fixe), à la porte !


Paix liturgique : Et vous les SEF, les sans église fixe, vous vous êtes découragés ?

Germain de Paris : Bien au contraire ! Depuis début mai notre messe est dite tous les dimanches et fêtes. C’est ainsi que nous avons célébré il y a peu la fête de l’Ascension, en plus des dimanches, de la Pentecôte, de la Trinité. 


Paix liturgique : Combien de fidèles vous suivent-ils dans cette « aventure » ?

Germain de Paris : Nous nous retrouvons en moyenne à 120 fidèles chaque dimanche. Car il y a des dimanches à 180 et d’autres (notamment lorsqu’il fait un froid polaire) où nous ne sommes que 70.


Paix liturgique : 120 de moyenne, c’est considérable !

Germain de Paris : Surtout pour une communauté de demandeurs, qui était sensée ne pas exister.


Paix liturgique : Vos fidèles sont-ils tous Saint-Germanois ?

Germain de Paris : La plus grande partie d’entre eux le sont, heureux de pouvoir aller à la messe à pied depuis leur domicile. Un gros tiers vient des paroisses sises au nord et à l’ouest de Saint-Germain, qui sont encore plus à plaindre que celle de Saint-Germain.


Paix liturgique : Ne cherchez-vous pas à trouver une solution ?

Germain de Paris : Nous cherchons constamment le dialogue avec l’aumônière et l’aumônier de l’hôpital qui sont apparemment bien marris de cette situation, bien qu’ils laissent l’église fermée, mais nous voulons aussi établir le dialogue avec notre nouvel évêque dont nous espérons tant.


Paix liturgique : Vous croyez que Mgr Crépy va entendre votre requête ?

Germain de Paris : Pourquoi pas ? Ce serait d’ailleurs tellement simple ! Nous assistons chaque dimanche à la messe à 11 h devant une église vide. Les prêtres qui peuvent célébrer sont nombreux. Nous ne perturbons même pas la paroisse de Saint-Germain, qui jusqu’alors n’a pas souhaité « partager ». Mais en fait, aujourd’hui, le partage n’est même plus nécessaire ; seul nous manque un geste charitable de l’évêque. C’est le cas de dire que nous offrons à l’évêque une solution clé en main, la clé étant dans sa main : il lui suffit de nous ouvrir la porte.


Paix liturgique : De vous ouvrir la porte de la chapelle ?

Germain de Paris : De nous ouvrir la porte de son cœur ! « Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira, car toute personne qui demande reçoit, celui qui cherche trouve et l'on ouvre à celui qui frappe » (Mt 7, 7-8). Nous demandons à notre évêque sa charité pastorale. Nous nous doutons bien cependant que nous ne sommes pas une priorité pour lui et qu’il va nous demander d’attendre.


Paix liturgique : Alors, qu’allez-vous faire ?

Germain de Paris : Simplement continuer à répondre par nous-mêmes à nos besoins. Pour cela nous avons demandé aux prêtres qui nous aident de prévoir une nouvelle année de « service ». Ainsi laissons-nous plus d’un an à notre Pasteur pour trouver une solution, mais pendant ce temps-là nous continuerons nos cérémonies et nous poursuivrons notre installation à Saint-Germain. Le groupe va continuer à grandir. Je pense à ce couple de Saint-Germanois, qui sans nous connaître sont passés devant la chapelle juste avant notre célébration. Après explications, ils ont assisté à la messe, et sont revenus la semaine suivante. Et d’autres « paroissiens » s’agrègent ainsi régulièrement.


Paix liturgique : Donc vous êtes partis pour une installation définitive ?

Germain de Paris : Pour une installation stable. Notre groupe est un vrai « groupe stable » de demandeurs de messe ! Nous n’avons pas le choix et les fidèles sont décidés et généreux ce qui nous permet d’envisager certains projets.


Paix liturgique : Des projets ?

Germain de Paris : Et bien de pouvoir installer nos prêtres à demeure à Saint-Germain, ce qui leur permettrait d’être au plus près des familles, d’envisager de lancer un cours de catéchisme et pourquoi pas un groupe d’Europa-Scout.


Paix liturgique : Ce sera une sorte de « paroisse extérieure » ?

Germain de Paris : Une « paroisse de la porte » ! Nous arrivons à l’été : suivre les célébrations à l’extérieur n’est pas un problème, mais lorsqu’arriveront de nouveau les pluies et les froidures nous n’accepterons plus que nos enfants et les jeunes mamans restent au froid. Dehors, devant une église vide.


Paix liturgique : Et… Et alors ?

Germain de Paris : Vous le comprenez bien la communauté de Saint-Germain existe, et est bien vivante. Aussi continuera-t-elle à vivre et à se développer. Si elle est à la fin accueillie dans la Paix, nous en serons heureux. 

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