Notre lettre 863 publiée le 17 mai 2022

GRENOBLE PATIT DU LOURD PASSIF DE MGR DE KERIMEL
LES FIDELES DE SAINT-ANDRE SE MOBILISENT POUR GARDER LEURS PRETRES


Maltraités et persécutés par leur ex-évêque, Mgr de Kerimel, parti à Toulouse, mais aussi, contre toute attente, par l’administrateur apostolique le père Lagadec, les fidèles de Saint-André de Grenoble (FSSP) se mobilisent pour garder leurs prêtres, que l’abbé Lagadec somme de quitter le diocèse le 1er septembre prochain. Il annonce qu’il va nommer un prêtre diocésain à mi-temps pour célébrer une seule messe tridentine le dimanche à Grenoble, là où les deux prêtres de la FSSP en célèbrent 60 par mois à Grenoble et à Notre-Dame de l’Isle à Vienne. Près de 500 fidèles sont concernés. En un mot, on veut faire disparaître cet espace de vie chrétienne.

Et voici qu’entre le dimanche de Pâques et le mardi matin, six jeunes fidèles de Saint-André de Grenoble ont occupé le clocher de leur église, au cœur de la ville, face au palais du Parlement du Dauphiné, pour Quarante Heures – on notera la symbolique –, en faisant connaître leur action avec des fumigènes et des mégaphones. L’évènement a été couvert par la presse locale, notamment par le Dauphiné Libéré qui leur a consacré deux articles, sur le web et le papier, et encore par France Bleu.


https://www.ledauphine.com/societe/2022/01/14/isere-diocese-grenoble-vienne-messe-en-latin-les-catholiques-traditionalistes-tentent-une-nouvelle-offensive

https://www.ledauphine.com/societe/2022/04/18/des-catholiques-en-colere-denoncent-l-arret-des-messes-en-latin-a-grenoble


Dans le communiqué de l’AFSAN, l’Association des Fidèles de Saint-André de Grenoble et Notre-Dame de l’Isle à Vienne, ces fidèles expliquent : « On veut nous supprimer deux prêtres, les remplacer par un seul et encore à temps partiel. On ne se laissera pas faire. C’est injuste et totalement dénué de bon sens. On assiste à une vraie persécution […] Nous suivons le message du pape aux jeunes : “mettez le bazar […] un bazar qui nous donne un cœur libre, un bazar qui nous donne la solidarité, un bazar qui nous donne de l’espoir. […] Nous voulons des jeunes avec de l’espoir et de la force“.

Dans un grand communiqué qui retrace la chronologie des événements, l’AFSAN précise le contexte et les demandes des fidèles :

« L’administrateur diocésain, le père Loïc Lagadec, a eu le courage de venir le 2 avril à la collégiale, ce que Mgr de Kerimel n’avait pas fait. Malheureusement, le message est toujours le même : j’appliquerai ce décret, obéissez. Cela a créé un énorme mécontentement parmi les fidèles de Saint-André et de Notre-Dame de l’Ile à Vienne, faisant de cette situation un casus belli. La tension est très forte et les fidèles sont prêts à résister pendant de longues années s’il le faut. Or, le père Lagadec, contrairement à ce qu’il dit, a le pouvoir d’établir un moratoire, et de créer un statu quo.

Nous n’avons rien contre lui mais nous lui demandons d’avoir du courage pour sortir de cette impasse et de conflit dont il n’est pas à l’origine. Nous avons senti qu’il souhaitait trouver des solutions différentes et nous attendons donc une réponse à la hauteur de la situation explosive et sur la base de ce que nous lui avons proposé. Nous lui demandons donc, avec une grande détermination :

Qu’il prenne soin de nos besoins en laissant les choses en l’état ;

Qu’il trouve une solution quelle qu’elle soit, et fasse preuve d’inventivité et d’audace pour maintenir cette présence de deux prêtres au service des deux communautés et du diocèse ;

Que par conséquent il ne dépouille pas davantage un diocèse dont le nombre de prêtres diminue chaque année ;

Qu’il applique Vatican II qui donne aux Laïcs “la faculté et même parfois le devoir de manifester leur sentiment en ce qui concerne le bien de l’Église». (LG 37) ».



Nous avons interrogé plusieurs des fidèles qui ont occupé le clocher – ou qui les ont rejoints. « L’attitude de l’administrateur diocésain n’est pas compréhensible en l’état », confie un fidèle. « Nous nous demandons qu’il soit pour nous comme un pasteur, et non comme le Père Fouettard. Nous avons une paroisse qui marche bien, deux prêtres qui font un apostolat très productif, des messes tous les jours, nous demandons à garder ce qui fonctionne. Il nous propose un prêtre à mi-temps débordé par ailleurs, le dimanche seulement, avec comme objectif de nous forcer peu à peu à n’avoir que la messe en français [NOM] On n’est pas d’accord et on le fait savoir, l’attitude de Mgr Kerimel comme du père Lagadec à notre égard n’est pas chrétienne. Ils nous persécutent pour notre messe ».

Un autre fidèle abonde : « nous nous battrons pour notre messe et nos prêtres. Il est hors de question de rayer de la carte 500 fidèles et deux églises. Du reste, la pratique dans le diocèse de Grenoble s’est effondrée ces dernières décennies, et on comprend mal comment ils comptent remonter la pente si vis-à-vis des derniers groupes importants de fidèles, le diocèse se comporte en persécuteur ? C’est une attitude que les français qui ne pratiquent plus – plus de 95% de la population de l’Isère – mais n’ont pas perdu pour autant leur bon sens – ne comprennent pas ».

Le mouvement des fidèles de Saint-André est soutenu par d’autres grenoblois, qui ne vont pas nécessairement à la messe traditionnelle. Marc va à la messe soit près de la gare, à la basilique du Sacré-Cœur rénovée à grands frais par le diocèse sous l’épiscopat de Mgr Kerimel et confiée à la communauté de l’Emmanuel d’où est issu l’ex-évêque, soit à Saint-Joseph, paroisse des jeunes dont l’apostolat est floqué d’une sorte de marque, Isèreanybody.

« Je ne vais pas à la messe tridentine, mais leur mouvement, je le comprends. Ce n’est absolument pas normal que notre ex-évêque n’arrive pas à écouter une paroisse toute entière, au point qu’elle a cessé de donner à la quête et qu’il y a eu une impasse. Ce n’est pas plus logique non plus que l’administrateur diocésain, censé faciliter la succession, la complique, sous prétexte de fidélité aux directives de l’ancien évêque, quitte à rendre le siège de Grenoble intenable pour le prochain évêque.

Certains se demandent si le regain de tensions avec les fidèles de Saint-André ne viendrait pas à point pour faire oublier d’autres dossiers brûlants, et les promesses qu’il a faites aux victimes des affaires d’abus, et qu’il ne peut pas tenir ».

Car il n’y a pas que l’affaire des fidèles de Saint-André. La vente de plusieurs églises par le diocèse et la non-reconstruction d’une église détruite dans un incendie criminel revendiqué par l’extrême-gauche suscite des tensions dans Grenoble, tout comme la vente prévue du terrain et son urbanisation.

Et surtout, il y a eu l’affaire du « Picasso des églises », l’abbé Louis Ribes, qui a éclaté dès le départ de Mgr Kerimel. L’abbé Ribes, qui faisait poser des enfants nus pour ses œuvres, a passé les 26 dernières années de sa vie au séminaire des anciens de Vienne-Estressin, où plusieurs victimes ont été recensées, et à sa mort en 1994 ses archives les plus compromettantes auraient été détruites. Le 27 janvier dernier l’abbé Lagadec animait à Vienne une réunion d’échange sur le sujet, en présence de plusieurs victimes qui ont constitué un collectif dans le Forez – lieu où ont été recensées 49 victimes encore vivantes.

« Je suis ici ce soir au nom de l'Église, pour écouter, pour chercher la vérité et parce que je crois aux bienfaits de la parole et de la fraternité. Je suis le représentant de l'Église mais je ne viens pas pour défendre l'institution. Je me suis engagé à faire tout ce que je peux dans les jours qui viennent pour trouver les réponses à leurs questions, déclare Loïc Lagadec à la sortie de la réunion. Il n'y a rien dans les archives ; mais la différence c'est que les gens ont parlé, et que là les victimes ont donné des pistes sur (par exemple) qui vivait au séminaire, et donc ça donne des indications pour savoir ce que sont devenues ces photos et ces dessins ».

Selon les victimes, depuis ces déclarations, « l’abbé Lagadec fait le mort. Il est complètement paumé, dépassé, il a peur. Il ne donne aucune suite à nos demandes et s’abrite derrière l’institution. Mais on ne va pas le lâcher comme ça, pour nous tous, c’est le combat d’une vie ». Plus de 70 victimes vivantes ont déjà été recensées, dont une dizaine en Isère.

Voilà donc qu’un diocèse humilié par un énorme scandale, aux abois du point de vue financier, frappé, comme tant d’autres, par une hémorragie de pratiquants et une disparition du nombre de ses prêtres, qui fait cependant tout pour abattre un apostolat très vivant concernant 500 fidèles, et grâce auquel il bénéficie de l’apport de deux jeunes prêtres d’une société de vie apostolique. Plutôt la mort que de laisser sa place au catholicisme traditionnel 

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