Notre lettre 876 publiée le 25 juillet 2022

UN NOUVEAU PELERINAGE DE PENTECOTE...
A FATIMA !

Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Carlos Almeida, l'un des organisateurs du pèlerinage à Fatima qui s'est déroulé pour le seconde fois durant le week-end de la Pentecôte, en union de prière avec les pèlerins de Chartres. Nous le remerciions de nous avoir raconté les premiers pas d'une initiative qui pourrait prendre de l'ampleur ces prochaines années.



Paix Liturgique : Comment ce pèlerinage est-il né  ?

Carlos Almeida : L'idée d'organiser ce pèlerinage est née l'année dernière, en 2021. Rappelons qu'en raison des restrictions sanitaires en France, le pèlerinage Paris-Chartres avait été annulé. Nous étions très abattus de ne pouvoir y participer car nous considérions cet événement comme l'un des plus importants du monde traditionnel et nous ne voulions pas que que son témoignage et la fougue qu'il génère s'estompe.


Paix Liturgique : Vous avez donc eu une idée originale  ?

Carlos Almeida : Pas du tout car elle était celle des animateurs de Notre-Dame de Chrétienté qui ont invité les pèlerins à organiser des pèlerinages locaux près de chez eux... et bien près de chez nous c'était d'organiser un pèlerinage au Portugal ! Nous n'avons donc fait que répondre à Notre-Dame de Chrétienté en mettant en œuvre notre pèlerinage au Portugal à la même date et dans le même esprit. Ainsi naquit le pèlerinage de la Pentecôte à Fatima.



Paix Liturgique : Que voulez-vous dire par le "même esprit" ?

Carlos Almeida : Paris-Chartres est le pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté. La Chrétienté correspond au moment le plus élevé de la civilisation européenne. En termes d'idéal, cela signifie que les Nations doivent donner la première place à Notre-Seigneur Jésus-Christ, afin que son Royaume social puisse être construit, apportant la paix et la justice aux peuples. Cet auspice ne peut se faire que sous la protection de Notre-Dame, qui a aussi protégé Jésus, d'abord dans son sein, puis dans son enfance, son adolescence et même dans la vie publique, jusqu'à la croix.

Le Portugal a été l'un des pays qui a le plus contribué à l'évangélisation du monde entier, de sorte que l'esprit du christianisme y est toujours présent, bien que latent. D'autre part, Notre-Dame, il y a un peu plus de 100 ans, est apparue à Fatima avec un message important, faisant appel à la pénitence et à la prière. Voilà pourquoi il nous a semblé important de faire un pèlerinage à Fatima dans l'esprit du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté.



Paix Liturgique : Et ce premier pèlerinage a-t-il été un succès   ?

Carlos Almeida : Un succès modeste mais très éclairant pour nous car nous avons dès l'an dernier constaté que la plupart des pèlerins qui s'étaient joints à nous ne seraient pas venus à Chartres soit qu'ils n'en avait pas les moyens ou la force... cela concernait autant les seniors que les familles avec de jeunes enfants ou mêmes des étudiants à la veille de leurs examens.


Paix Liturgique : C'est pour ça que vous avez décidé de l'organiser à nouveau cette année ?

Carlos Almeida : Oui, on s'est rendu compte que ce serait important de le faire. En cette année 2022, le pèlerinage de Chartres a fêté ses 40 ans. De plus, c'était le retour du pèlerinage après 2 ans de suspension à cause des autorités sanitaires. C'était une édition spéciale et très importante. Pour cette raison, l'idéal était que tout le monde puisse marcher entre Paris et Chartres. Malheureusement, il y a toujours ceux qui ne peuvent pas. C'est pour eux que nous avons décidé de tenter la deuxième édition de notre pèlerinage de Pentecôte. Nous avons profité de l'expérience de l'année dernière pour améliorer l'organisation et les parcours.



Paix Liturgique : Quelle est la route vers Fátima ?

Carlos Almeida : Le premier jour, nous avons parcouru toute la côte, avec des paysages idylliques, de São Martinho do Porto à Nazaré. C'est un village de pêcheurs, mondialement connu pour avoir les plus grosses vagues du monde (en hiver). D'une part, c'est une des raisons pour lesquelles nous avons choisi la côte comme point de départ. Les Portugais ont un lien très fort avec la mer, où nous avons cherché à donner de nouveaux mondes au monde ; nous avons voulu profiter de cette symbolique et de la beauté des paysages. D'autre part, c'est aussi un village très marial, avec un magnifique sanctuaire dédié à Nossa Senhora da Nazaré.

Le deuxième jour, nous sommes passés à Alcobaça ou se trouve un magnifique monastère cistercien. Le début de la construction remonte au XIIème siècle, peu après la fondation du Portugal. L'église est l'une des plus grandes églises cisterciennes du monde, elle a une acoustique impressionnante et contribue beaucoup à la beauté de la liturgie. Enfin, le troisième jour fut l'arrivée tant attendue au Sanctuaire de Fátima, où se trouve la chapelle qui marque le lieu où Notre-Dame est apparue aux Petits Bergers.



Paix Liturgique : Quel est le public cible de ce pèlerinage ?

Carlos Almeida : Nous n'avons pas de public cible défini ; nous acceptons les inscriptions de personnes de tous âges et toutes conditions. Le début du mois de juin est une période difficile pour les étudiants car c'est une période d'examens, tant à l'école qu'à l'Université. Malgré cela, la moyenne d'âge était inférieure à 30 ans et nous avions un peu plus de 75 pèlerins marcheurs. D'autres, ne pouvant marcher avec nous, se sont joints à nous lors des messes, où nous étions plus de 100 fidèles.



Paix Liturgique : Comment était la liturgie ?

Carlos Almeida : Suivant l'un des piliers du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté, la liturgie de notre pèlerinage est aussi la liturgie romaine traditionnelle. Cette manière de célébrer présente une grande richesse en terme de sacralité et de prière lors des actes liturgiques, c'est pourquoi elle est parfaitement adaptée à l'esprit de ce pèlerinage.

Nous avons eu la collaboration de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre qui nous a envoyé le P. Fernando António, portugais, directeur spirituel du séminaire de Wigratzbad ; ainsi que trois séminaristes portugais qui étudient dans le même séminaire. Ils étaient essentiels dans la catéchèse très riche qu'ils donnaient aux pèlerins ainsi que dans l'organisation des cérémonies plutôt complexe pour beaucoup de fidèles.

Le temps fort revient à la veillée de Pentecôte, la plus importante après la veillée pascale, suivie de la messe solennelle. Et aussi à la messe solennelle de la Pentecôte. La schola, composée de deux séminaristes et de plusieurs pèlerins, était de haut niveau.



Paix Liturgique : Les pèlerins connaissaient-ils déjà le Rite Traditionnel ?

Carlos Almeida : Un grand nombre de pèlerins connaissaient déjà le rite traditionnel ; ils le connaissaient déjà bien. Pour eux, l'étonnement venait de la grandeur des lieux où se déroulaient les cérémonies, ainsi que de la singularité de celles-ci, car les messes solennelles ne sont pas célébrées tous les jours, encore moins une liturgie aussi riche que celle de la veillée de Pentecôte.

Mais, il y avait aussi beaucoup d'autres pèlerins qui connaissaient très mal ou pas du tout la messe traditionnelle. Certains n'allaient même pas à la messe dominicale ; donc pour ceux-ci et ceux-là tout cela était nouveau.



Paix Liturgique : Quelle a été leur réaction face à cette découverte ?

Carlos Almeida : Nous avons pris soin de les accompagner en leur donnant quelques explications préalables. La veille de la Pentecôte, nous avions des missels avec tous les textes et les lectures en portugais. Le prêtre et les séminaristes étaient toujours prêts à clarifier les doutes de ceux qui voyaient tout cela pour la première fois. C'était le cas d'Ana, qui nous a dit ceci :

« J'ai été frappée par le silence qui régnait ; une messe beaucoup plus symbolique que la nouvelle messe. J'ai particulièrement apprécié le silence, je dirais que c'est ce qui m'a le plus ému." Ana nous a ensuite confié qu'elle commencerait à aller à la messe traditionnelle. Elle concluait ainsi : « Il y a un sentiment de plénitude en arrivant à Fátima, qui est indescriptible et qui sera vécu de manière très particulière par chacun, je pense. Pour moi, tout le processus a été rédempteur. Je ne pense pas que nous serons les mêmes personnes après un moment comme celui-ci. »

Rita, une autre pèlerine, témoigne : « La messe traditionnelle invoque naturellement une révérence et une conscience (bien que faible ou limitée parce qu'humaine) du sacré qui fait que les gens vont à la messe avec tout ce sens présent, quelle que soit leur fatigue. Nous entendons par là que le fait que nous soyons en pèlerinage, fatigués, ne compromet en rien la beauté de la liturgie. Au contraire, la messe était comme la conclusion de ce que nous vivions, c'était ce que nous avions fait en pèlerinage pour être témoins du Sacrifice de Notre Sauveur ! »

Tous les pèlerins à qui nous avons parlé, quel que soit leur « parcours » en matière de fréquentation de la messe dominicale, ont été frappés par la beauté de la liturgie. Ils se disent touchés par la sacralité des gestes, des mouvements, des paroles et toute l'harmonie qui semble faire descendre le Ciel sur la Terre.



Paix Liturgique : Croyez-vous que le pèlerinage a un avenir ?

Carlos Almeida : Nous le croyons. De plus en plus de personnes redécouvrent le trésor qu'est le Rite Romain Traditionnel et les bienfaits qu'il apporte en termes de vie doctrinale et de prière. Cette attente est particulièrement forte chez les plus jeunes. Ce mouvement, qui est sans doute inspiré par l'Esprit Saint, ne disparaitra pas.

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