Notre lettre 881 publiée le 31 août 2022
POUR LA SECONDE ANNEE, LES VEILLEURS SERONT CHAQUE SAMEDI DEVANT LA NONCIATURE APOSTOLIQUE DE PARIS
LE 3 SEPTEMBRE A MIDI PRECISE DEBUT DE NOTRE SECONDE ANNEE DE PRIERE
Paix Liturgique : Cher Louis, comment est née cette initiative qu’on pourrait qualifier de « veille » devant la nonciature apostolique?
Louis Renaudin : Tout à fait spontanément. Le 17 juillet 2021 lendemain de la promulgation du motu proprio Traditionis custodes, de funeste mémoire, qui revenait sur les solutions misent en place par Benoit XVI en 2007 pour rétablir la Paix et la réconciliation dans l’Eglise, nous avons pensé, le motu proprio étant un acte du pape lui-même, qu’il était normal de faire connaître notre étonnement et notre désaccord au pape lui-même. Mais comme nous ne vivons pas à Rome, c’est devant les locaux de la représentation du Saint-Siège à Paris que nous avons voulu témoigner de notre sainte colère.
Paix Liturgique : Devant la nonciature ?
Louis Renaudin : La nonciature apostolique à Paris se situe au 10 de l’avenue du President-Wilson, à deux pas du pont de l’Alma et à moins de 200 mètres de la station de métro du même nom. Mais, à cause d’une réglementation administrative qui interdit de manifester à moins de 100 mètres d’une ambassade, notre manifestation se déroule devant le 14 de l’avenue du Président-Wilson. Des fenêtres de la salle à manger, le nonce et ses attachés de nonciature peuvent nous apercevoir.
Paix Liturgique : Vous avez toujours déclaré vos manifestations ?
Louis Renaudin : En effet, d’abord parce que cela est obligatoire et aussi parce que notre « liberté d’expression » est par le fait protégée par la police de la République… En plusieurs occasions la police, bienveillante et très discrète, nous a gardés de mauvais coucheurs.
Paix Liturgique : Il y a eu des agressions ?
Louis Renaudin : Non, plutôt des gestes désagréables. Par exemple, une dame logeant dans un immeuble surplombant notre groupe de manifestants, et sans doute fervente bergoglienne, ou anti-messe en latin, s’est mise à nous jeter des seaux d’eau. Elle a été prestement admonestée par les représentants de l’ordre. Il faut dire que, sans cela, nous aurions dû manifester au milieu de la chaussée. En fait, nous n’avons eu à souffrir que de rares quolibets émanant pratiquement toujours de personnes âgées, sans doute catho-conciliaires (le genre de la dame qui voit un prêtre en soutane et dit : « Il ne sait pas qu’il y a eu un Concile celui-là !).
Paix Liturgique : Mais des réactions des passants ?
Louis Renaudin : Manifester avec banderoles panneaux et chants du chapelet le samedi midi, avenue du Président Wilson, en face du marché hebdomadaire ne passe pas inaperçu ! Les gestes et marques de soutien ou d’encouragement n’ont pas manqué, allant du chauffeur de taxi s’arrêtant pour prier quelques minutes avec nous aux nombreux coups de klaxon approbateurs avec le pouce levé.
Paix Liturgique : Mais que faites-vous au cours de cette manifestation hebdomadaire ?
Louis Renaudin : Précisons tout d’abord que la manifestation est courte : elle débute à 12 h précise et dure 45 minutes pendant lesquelles nous récitons un chapelet entrecoupé de chants et d’annonces à propos de la situation et des brimades faites en suite de Traditionis custodes aux catholiques attachés à la foi, au catéchisme et à la liturgie traditionnelle. Nous avons même composé une sorte d’invocation litanique adressée au pape Benoit pour qu’il intervienne pour nous aider à rétablir la paix liturgique.
Paix Liturgique : Il faut donc arriver bien à l’heure...
Louis Renaudin : Par respect pour ceux qui sont à l’heure et pour la bonne marche de la manifestation … Mais chacun fait comme il le peut.
Paix Liturgique : Etiez-vous nombreux à participer à cette manifestation ?
Louis Renaudin : Il y a deux manières de compter : d’abord en mesurant le nombre des présents, qui a été en moyenne d’une quarantaine, avec un maximum de 70 et des minima hivernaux ou estivaux d’une petite vingtaine ; ensuite en évaluant les personnes touchées, pour le coup beaucoup plus nombreuses, car certains viennent irrégulièrement, ou quelques fois (éloignements, charges familiales, santé, …). Le nombre total des veilleurs qui ont participé au moins une fois est supérieur à 500, autour d’un noyau dur, toujours là, qu’il pleuve, ou qu’il gèle.
Paix Liturgique : C’est tout à fait conséquent...
Louis Renaudin : La Providence est bonne. Je me souviens d’un samedi du printemps dernier ou nous étions assez peu nombreux… lorsque tout à coup arrive une famille entière de 12 personnes, parents, enfants, cousins, sont venus rejoindre leurs grands-parents, transformant une pauvre manifestation en succès plein d’enfants.
Paix Liturgique : Peut-être auriez-vous pu prendre un autre horaire.
Louis Renaudin : Il faut toujours faire des choix. A bien y réfléchir, et à l’aube de la reprise, notre horaire du samedi à midi a semblé le meilleur.
Paix Liturgique : Parce que je crois que vous n’avez pas toujours eu chaud ?
Louis Renaudin : Au cours de l’hiver, battre pieusement le pavé a été parfois héroïque, mais le continuum n’a pas été rompu !
Paix Liturgique : Mais avez-vous eu des relations avec la nonciature ?
Louis Renaudin : Nous avons forcément insisté pour être reçus. Ce qui a eu lieu le mardi 29 mars, où deux de nos représentants ont été reçus longuement par Mgr Migliore, nonce apostolique, et ont pu tenir des propos très francs et directs, les réponses du représentant du pape ne l’ayant pas été moins. Le nonce leur a confirmé que l’offensive lancée contre la liturgie traditionnelle par le motu proprio Traditionis custodes réinterprétait le motu proprio Summorum Pontificum : selon Rome, d’une part Summorum Pontificum n’accordait qu’une tolérance provisoire aux fidèles attachés à cette liturgie dans le but de le mener progressivement vers la liturgie réformée, ce qui avait échoué, et d’autre part, la seule lex orandi n’était autre que celle de la liturgie nouvelle.
Nos représentants ont fortement expliqué que les catholiques attachés à cette liturgie étaient déterminés à défendre la célébration de la liturgie traditionnelle, messe et sacrements, au sein même des paroisses et des diocèses, sans se laisser réduire à un ghetto marginal auquel on accorderait quelques droits sacramentels. Ils ont fait clairement entendre que ces catholiques étaient prêts à appliquer la consigne du pape François : il faut savoir, quand il y a lieu, « mettre le bazar ».
Paix Liturgique : Croyez-vous au total que cette initiative est utile ?
Louis Renaudin : Même si nous ne sommes qu’une poignée de veilleurs, nous représentons le nombre immense de ceux qui restent et resteront fidèles à la liturgie traditionnelle. Je crois que cette action a valeur d’étincelle significative pour faire comprendre aux ennemis de la paix les risques qu’ils prennent …
Paix Liturgique : Justement, comment voyez-vous l’avenir ?
Louis Renaudin : D’abord, nous prions pour que cesse la politique entreprise par les ennemis de la paix. Mais « aide-toi… » : ils doivent savoir que nous sommes déterminés et que nous ne lâcherons rien. Qu’ils viennent voir nos églises et chapelles : elles sont toujours aussi pleines et même de plus en plus. C’est ce que nous allons signifier en reprenant notre manifestation le samedi 3 septembre à 12 h, jusqu’à établissement de négociations sérieuses pour préparer les voies à une liberté de la messe traditionnelle.
Paix Liturgique : Pourriez-vous faire plus ?
Louis Renaudin : Je signale qu’il y a, en outre, à Paris, des « veilles » devant ou dans les églises où des messes ont été supprimées : à Notre-Dame du Travail, à Saint Georges de La Villette, à Saint François-Xavier, rue du Cloître-Notre-Dame et devant les bureaux de l’archevêché.
En tous ces endroits, comme à la nonciature, nous devons arriver à être plus nombreux. Et il faudrait aussi que cette initiative se répande dans d’autres capitales.
Paix Liturgique : Mais il y a déjà eu d’autres manifestations.
Louis Renaudin : Oui au Costa Rica et récemment devant la nonciature de Washington. Et demain…
Paix Liturgique : Concrètement comment être informé ?
Louis Renaudin : D’abord, tout simplement, en venant nous rejoindre. Ensuite, en vous abonnant gratuitement à notre lettre hebdomadaire. Et surtout, en vous unissant à notre initiative par la prière, tout simplement par charité pour ceux qui sont sur le trottoir et qui sont encouragés de savoir que d’autres amis de Paris, de province ou de l’étranger sont unis à nous par la prière.
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