Notre lettre 885bis publiée le 16 septembre 2022

NOTRE CATHEDRALE N’EST PAS UN GYMNASE !

DES FIDELES DE METZ INVITENT
A UNE PRIERE DE REPARATION

SAMEDI 17 SEPTEMBRE a 11 H

A LA RECHERCHE DE LA LEX CREDENDI...


Le 5 septembre dernier, le lendemain de l'installation du nouvel évêque, venu de Chambéry, Mgr Ballot, la cathédrale de Metz a été privatisée et fermée aux fidèles plus tôt que d'habitude, le soir, pour accueillir... la soirée de présentation de la nouvelle équipe féminine du Metz Handball, les Dragonnes, sans le nouvel évêque, mais avec le concours du clergé messin, du maire de Metz François Grosdidier et le président du département de la Moselle Patrick Weiten.

L'autocélébration, par les autorités civiles, les médias et le diocèse de l'événement, tranche avec le sentiment d'indignation qui prédomine chez les fidèles et les messins – visible notamment dans les réactions sur les réseaux sociaux aux publications dithyrambiques.

A l'initiative de fidèles messins, un rassemblement et une prière de réparation auront lieu sur place le 17 septembre prochain à 11h devant la cathédrale.


Le sensum fidei choqué par l'utilisation de la cathédrale comme salle de spectacle


Sous les publications ouvertement dithyrambiques des collectivités locales, du club de handball et de divers membres du clergé local – il n'y a curieusement (plus) rien sur l'événement sur la page Facebook du diocèse – les réactions des fidèles messins sont nettement moins élogieuses. Florilège



« Je n'adhère pas. La cathédrale n'est pas faite pour ce genre de manifestation. Je suis peut-être rétro... ou alors je n'ai pas compris », écrit Patrick R, soutenu par trois autres personnes sous son commentaire. « Handball à la cathédrale, j'ai du mal », réagit Christine. « Belle initiative mais pas le bon lieu !!! Une cathédrale n'est pas faite pour ça, ce n'est pas une salle de spectacle », écrit Pierre L. « Je rêve ou quoi ? Pourquoi ne pas y faire les matchs aussi » s'indigne Serge T.



« Un jour on accueille le nouvel éveque et le lendemain on parade en tenue de sport », s'étonne Jean-Louis M., « Incompréhensible. Je n'adhère pas du tout. C'est quand même un lieu saint », réagit Marie-Thèrèse B. sous la publication de la ville de Metz sur le sujet. « Les valeurs du sport, c'est le respect des règles ! A Metz le Handball c'est aux Arènes, pas à la Cathédrale », réagit Louis Marie. « M'sieur le Maire, vous penserez la prochaine fois à faire vos imbécilités ailleurs », conseille Amir J.



« Non mais dimanche on a assisté à la messe d'installation de notre nouvel évêque, et ensuite ça ??? Non désolée, les églises les cathédrales ne sont pas faites pour cela, ainsi que les autres lieux de culte par respect. Ce sont des lieux de prière et sacrés, pas des lieux à spectacles. Pour ça vous avez le stade qui aurait été parfait pour ce genre d'évenements !!! », développe Marie-Reine. « Il n'y a plus de salle de sport à Metz ? Vraiment choquée par l'utilisation d'un lieu de culte pour ce genre de manifestation », s'interroge Danièle.



« Bien curieux de savoir qui a eu cette idée stupide et irrespectueuse pour faire ce genre d'évenement dans ce lieu de culte et sacré. Je suggère à la mairie que les prochains événements de ce genre soient organisés dans la future grande mosquée grâce à ce maire soi-disant de droite », réagit Flav Flav Kerdro, tandis qu'un autre messin propose de faire cet événement l'an prochain au Temple Neuf.



Claude P préfère ironiser : « le Metz Hb [handball] s'en remet à Dieu. Alors en cette nouvelle saison qui s'annonce, tous ensemble prions le seigneur afin qu'il nous protège, amen ».



« C'est dommage de construire de nouvelles salles des congrès et autres pour se retrouver à faire ça dans la cathédrale, à moins que les prochaines messes soient sponsorisées par GL Event ? Prochaine étape, élection de Miss Lorraine à la cathédrale ou miss Saint-Etienne », s'interroge Stephane Behr.



Isabelle partage la publication de Riposte Catholique sur le sujet, « avec de tels évêques et chanoines nous touchons les bas-fonds. Honte au diocèse d'avoir profané ce lieu saint. A quand une messe réparatrice ? ».



« Tout à fait choquant, déplacé et irrespectueux en ce lieu insigne de haute spiritualité. C'est une honte que les Autorités [politiques, mais pas que...] aient été à l'origine d'une entreprise de désacralisation et de mélange des genres. Je suis choqué, indigné et le proclame haut et fort », réagit Sylvain Tarantino.


Une initiative de fidèles à l'origine de la prière de réparation


Le 17 septembre prochain, une prière de réparation sera organisée par les fidèles, à 11 heures devant la cathédrale de Metz.



Sur les réseaux sociaux, les organisateurs expliquent : « On se demande pourquoi des lieux de culte chrétiens sont ainsi jetés en pâture à des cérémonies qui n 'ont rien de religieux, alors que les autres sites d'accueil ne manquent pas. C'est ainsi que les handballeuses ont pu parader en tenue légère devant l'Autel, sous les applaudissements des élus et des clercs complices, chacun y allant de son petit discours d'autosatisfaction ». Suivent les liens dans les médias locaux.



« Afin que ces personnes se rendent compte de la gravité de leur acte, et surtout d'implorer le pardon du Ciel face à cette profanation éhontée, des catholiques fidèles se réuniront ce samedi 17 septembre à 11 h devant la cathédrale pour une prière de réparation […] soyons nombreux à défendre le respect du à la Religion et à nous en remettre à la protection de Notre Seigneur.

Vous pouvez également demander à l'évêché de Metz pourquoi il a choisi d'accepter que cet événement se tienne à la cathédrale et pourquoi il y a même participé [suivent l'adresse du site du diocèse et le mail de la communication diocésaine]



Nous avons joint un des initiateurs de cette prière de réparation, un messin bien implanté. « C'est une dérive continue, l'ancien évêque avait dit que la cathédrale devait organiser deux à trois événements par an. Ils ont déjà fait une soi-disant messe électro, maintenant le hand. Habituellement les autorités organisent des événements profanes dans l'ancienne abbaye Saint-Vincent, berceau du chant messin.

Je suis sincèrement choqué par cette initiative de présenter un club de hand, et je me suis aperçu que dans mon entourage, d'autres fidèles de paroisses messines ou des gens qui ne pratiquent pas et qui ont réagi sur les réseaux sociaux étaient aussi choqués. Cette soirée handball insulte le bon sens et le caractère sacré du lieu, on veut le faire savoir et prier pour la Réparation de cet acte.

Il y a un contexte un peu particulier ici, avec des prêtres payés par l'Etat du fait du Concordat, un diocèse qui a du bien, et peu contestataire. Cela dit plusieurs prêtres ont réagi pour témoigner de leur incompréhension et celle de leurs fidèles auprès du père Dominique Thiry, chanoine de la cathédrale [dont le discours plein d'autosatisfaction et de métaphores filées sportives est en ligne sur le site du diocèse], et se sont faits envoyer dans les cordes de façon assez véhémente, qu'ils n'avaient rien compris. Comprendre quoi au juste ? Que pour le clergé diocésain et les autorité »s civiles, la cathédrale c'est un stade ou une salle de spectacle ? »


Le contexte concordataire n'excuse pas tout


Dans la plupart des diocèses français – sous le régime de la loi de 1905 – une élection de Miss France ou la présentation d'un club de foot à la cathédrale sont à priori impossibles. La loi de 1905 précise que les lieux affectés au culte ne doivent servir qu'aux activités cultuelles et l'article 13 indique même que s'ils étaient détournés de leur affectation cultuelle, ils pourraient être désaffectés et transmis à leur propriétaire – généralement la commune, l'Etat pour les cathédrales.

Néanmoins en Alsace et en Moselle, ces interdictions ne s'appliquent pas du fait du maintien du Concordat.

En mars 2021 Rue 89 Strasbourg s'intéressait au coût du Concordat en Alsace-Moselle – soit 54.7 millions d'euros sur cette année. Du bureau des cultes d'Alsace-Moselle dépendaient alors 1214 salariés, en baisse lente, dont 925 pour le culte catholique – 600 d'entre eux sont alsaciens, 325 mosellans. « Les curés, les rabbins et les pasteurs reçoivent tous un salaire compris entre 1621 et 2624 euros nets […] l'évêque d'Alsace Mgr Ravel est rémunéré 4171 euros par mois ». En revanche les fabriques d'église se chargent de l'entretien des lieux de culte, ponctuellement aidées par les communes pour les gros travaux.

Le diocèse de Metz, 4e plus gros de France, est subdivisé en 649 paroisses desservies par 287 prêtres diocésains, fidei donum et religieux [au 1er janvier 2021]. Il y a aussi 109 religieux et 556 religieuses, 49 diacres permanents et 143 animateurs laïcs en pastorale.

Néanmoins comme le résumait le Républicain Lorrain en juillet 2021, la Moselle n'échappe pas, malgré le Concordat, ni au vieillissement, ni à la déchristianisation. « Le nombre de prêtres actifs est en très nette baisse : ils étaient 280 en 2014, 165 en 2021 […] l'age moyen avoisine les 75 ans ».

A la rentrée 2021, le séminaire interdiocésain de Metz, situé dans l'imposante maison diocésaine près de la gare – et dont la très belle chapelle construite sous l'occupation prussienne est ornée de vitraux réalisés à Munich – a fermé. Les 17 derniers séminaristes, dont au moins six mosellans, ont rejoint Issy les Moulineaux près de Paris. Certes, la propédeutique y a été installée, ramenée de Nancy – il y avait sept personnes en juin 2021, mais c'est un jalon important de la déchristianisation du diocèse lorrain. En 2010, d'après les statistiques de Riposte Catholique, ledit séminaire, regroupant les vocations des diocèses de Metz, Nancy, Saint-Dié et Verdun, comptait 21 séminaristes.

Néanmoins le diocèse connaît encore des ordinations, avec le concours d'autres pays. Ainsi, le 26 juin 2022 c'est un prêtre vietnamien, Paul Van Doan Nguyen, qui a été ordonné à Montigny-les-Metz par l'administrateur diocésain, Mgr Vuillemin, pour le compte de son diocèse vietnamien d'origine, Thanh Hoa. En 2020, deux prêtres ont été ordonnés, Raphaël-Guillaume Chaigne et Sébastien Wenk. En 2018, Emmanuel Ecker a été ordonné à Metz. En 2017, Mgr Lagleize avait ordonné un prêtre togolais, Antoine Yakpo-Ossobe.

En 2011, la Moselle avait enregistré un cru exceptionnel, avec 8 prêtres ordonnés dont deux religieux vietnamiens – Loïc Bonisoli, Stephane Brucker, Johann Giardinelli, Jean-François Mertz, Sébastien Petitjean, Matthieu Schiebel et les religieux vietnamiens Michel Ngo et Joseph Pham. A l'époque le Républicain Lorrain se félicitait de « la relative bonne santé de l'église mosellane ». Que ce temps paraît loin...

Pour rappel, en août 1964, lorsque la revue diocésaine de Metz s'intéresse à la crise des vocations, 9 séminaristes reçoivent les seconds ordres mineurs, 8 les premiers ordres mineurs, 14 la première tonsure, 11 sont ordonnés sous-diacres, 21 sont ordonnés prêtres. Pourtant Mgr Izard, directeur du centre national des vocations s'inquiète pour le diocèse de Metz : « 1950, quatre séminaristes, 1958, quinze séminaristes, au grand séminaire. Je me suis renseigné, en 1964 une partie de ces quinze séminaristes est revenue dans le monde ».

Mgr Paul-Joseph Schmitt, l'évêque, s'inquiète pour l'avenir : « jusqu'en 1939 l'Eglise de Metz comptait parmi les diocèses de France dont l'avenir sacerdotal était le mieux assuré. Aujourd'hui il figure parmi les diocèses où la relève sacerdotale est la plus compromise ». Pas sûr qu'en transformant la cathédrale en gymnase, cela produise de nouveaux prêtres et convertisse des hommes. 

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