Notre lettre 924 publiée le 1 mars 2023

QUI EST LE CARDINAL JEAN-CLAUDE HOLLERICH ?



CELUI QUI COMME LE CARDINAL OUELLET ...
SE VERRAIT BIEN SUCCEDER AU PAPE FRANCOIS...


Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode sur la Synodalité, est un des prélats les plus en vue de l’Église aujourd’hui.


Un prélat à l’ascension fulgurante[1]…


Le cardinal Hollerich, Luxembourgeois, 64 ans, ordonné en 1990, il fut intégré à la province jésuite du Japon, dont il connaît la langue et la culture (il a enseigné à l’université Sophia de Tokyo). Archevêque ratzinguérien de Luxembourg en 2011, il est devenu cardinal bergoglien en 2019.

Sandro Magister lui a réservé un article assassin : « Si le conclave souhaite un François bis, voici son nom et son programme » [2]. Il a été nommé en 2021 rapporteur général du grand synode pluriannuel sur la synodalité, lequel est en partie conçu comme un moyen de transaction avec les « excès » du Chemin synodal allemand. Il a eu ainsi l’occasion, en une série d’entretiens, de détailler une sorte de programme modéré.

Il s’est opposé à la déclaration de l’avortement comme droit fondamental par le parlement européen, mais il comprend que l’on soit préoccupé par la dignité des femmes et pense que le discours de l’Église pour la défense de la vie n’est plus audible et qu’il faut trouver d’autres voies. Lesquelles ? Il n’en dit rien. Il souhaite, « après mûre réflexion », qu’on ordonne des hommes mariés parmi des viri probati, ce qui permettrait de solutionner, croit-il, la crise des vocations. Il ne juge pas utile que des femmes soient ordonnées, dans la mesure où la reconnaissance des virtualités du sacerdoce commun des baptisés leur permettra d’exercer de nombreux rôles d’importance. Concrètement, il fait sienne la mesure de transaction qui est dans l’air du temps : les femmes n’ont pas à consacrer l’Eucharistie, mais on peut leur confier l’homélie.

Et surtout : « Nous devons changer notre façon de voir la sexualité ». En effet : « « Les positions de l’Église sur le caractère peccamineux des relations homosexuelles sont erronées. Je crois que les fondements sociologiques et scientifiques de cette doctrine ne sont plus corrects. » Cela vaut a fortiori pour les divorcés « remariés » et même pour les protestants : « À Tokyo, je donnais la communion à tous ceux qui venaient à la messe. Je n’ai jamais refusé la communion à personne. Je partais du principe que si un protestant venait communier, c’est qu’il savait ce que les catholiques entendent par la communion, au moins autant que le savent les autres catholiques qui participent à la messe. » Mais d’ajouter : « Cependant, je ne concélébrerais pas avec un pasteur évangélique. » Ouf !


…mais au bilan catastrophique


Cette fulgurante ascension est-elle due à son bilan au Luxembourg dont le média Wort.lu dresse le bilan ce 16 février et que résume Riposte Catholique:

« Alors que 75% des résidents croyaient ou pratiquaient une religion en 2008, ils n’étaient plus que 48% en 2021.

Menée à la fin de l’année 2020 et au début de l’année 2021, cette enquête de l’European Value Survey relayée par le Statec révèle que 40,86% des répondants estiment que la religion n’est « pas du tout importante», et 35,45% la jugent « pas importante » tandis qu’à l’extrême opposé, seuls 5,27% des sondés la conçoivent comme «très importante ».

L’insignifiance de la religion est davantage marquée au Luxembourg, comparé à la moyenne européenne, puisqu’à l’échelle du Vieux continent, la religion est importante pour 36% des habitants.

Parmi les personnes interrogées, 59% ont affirmé ne jamais fréquenter de lieux de culte. Si 4% s’y rendent une fois par semaine et la même proportion une fois par mois, 15,5% n’assistent à un office religieux qu’à l’occasion de fêtes ou de cérémonies. Alors que les résidents n’étaient que 39% à affirmer que «Dieu n’était pas important dans leur vie» en 2008, cette proportion a explosé pour s’établir à 60% en 2021. À noter que la part de résidents sans religion est passée de 35% à 44% tandis que la part d’athées a grimpé de 10% à 18% ».

Wort.lu ajoute que ce n'est pas tant la religion que le catholicisme qui s'efface face aux «nouvelles spiritualités». La nature ayant horreur du vide, les luxembourgeois se raccrochent à ce qu'ils peuvent: « Cette étude souligne la montée des spiritualités alternatives au Luxembourg. En effet, 41% des résidents croient en «un esprit, une force surnaturelle ». À ces personnes s'ajoutent les 15% de répondants qui pensent qu'il existe un « dieu personnel », et les 18% d'agnostiques, qui ne savent pas. Les 21% restants estiment qu'il n’«y a pas de divinité ».

D'autres croyances subsistent également. C'est le cas de la vie après la mort, à laquelle 30,7% des personnes interrogées croient, tandis que 40% n'y croient pas et 26,5% ne se prononcent pas sur le sujet. La réincarnation convainc 23,6% des répondants tandis que 61,8% déclarent ne pas y croire. L'enfer, lui, est moins populaire avec seulement 10,1% de croyants ».


Faisant preuve cependant d’une grande vigilance sanitaire


Début 2022, le cardinal Hollerich a créé un tollé dans la presse italienne en déclarant à La Nazione que l'accès aux sacrements doit être soumis à la détention d'un «green pass», autrement dit d'un test Covid ou d'un vaccin.

Le 5 janvier, Riposte Catholique résume l'affaire : « Dans le journal italien La Nazione, le cardinal Hollerich, président de la Commission des conférences épiscopales de l’Union européenne, souhaite interdire les messes à ceux qui n’ont pas de pass sanitaire : « A ce stade, nous devons sauver des vies ». Tant pis pour les âmes…

Il est aussi archevêque du Luxembourg, où depuis le 22 décembre jusqu’au moins le 28 février, une loi récente a interdit l’accès aux messes de plus de 20 personnes sans pass sanitaire, dit localement “green pass“. Une mesure qui est souhaitée par le cardinal Hollerich, pour lequel “il ne faut se rendre à la messe qu’avec le green pass“. Les messes de moins de 20 personnes sont accessibles, elles, sur inscription. Et il faut présenter d’autres documents pour les célébrations de plus de 201 personnes.

Il prend au passage position contre les opposants aux vaccins : “la position des opposants à la vaccination anti-covid, a commenté Hollerich, « n’aide pas à trouver une solution au problème, ils blessent les gens. Ils vous désorientent. »


Mulieres in ecclesiis loquantur


Venons-en aux intuitions liturgiques. A l’inverse de ce que demande saint Paul, 1ère aux Corinthiens, 14, 34, en novembre 2022, Riposte Catholique indique qu'à l'occasion de l'octave de saint Willibrord, saint patron du Luxembourg, une femme va prêcher dans une église catholique :

«Un lecteur nous signale que, à l’occasion de l’octave de saint Willibrord, qui se déroule cette semaine à Echternach au Luxembourg, et qui donne lieu à diverses célébrations en mémoire du saint patron du Luxembourg et fondateur de l’abbaye d’Echternach où il mourut le 7 novembre 739, une femme va prêcher.

Cette octave est prêchée par Josiane Mirkes, paroissienne d’Echternach, dont il est notoire qu’elle ne vit pas en conformité avec les préceptes de l’Église. De surcroît cette personne se voit confier différentes responsabilités au niveau diocésain. Elle a donné une longue homélie au cours d’une messe célébrée aujourd’hui lundi 7 novembre pour le doyenné de Luxembourg ville. Pourtant 7 prêtres étaient présents.Cette pratique méconnaît les dispositions du Catéchisme de l’Église Catholique et celles du Code Canonique ».


Cependant que l’enseignement religieux disparaît des écoles luxembourgeoises


En même temps, l'Église du Luxembourg ne fait rien pour contrer le nouveau gouvernement qui fait disparaître l'enseignement religieux des écoles. Le projet est ébauché fin 2013 :

« Au Luxembourg, tous les élèves de l’école publique ont au choix dans leur emploi du temps, deux fois par semaine, un cours de religion ou un autre de morale. La première option est la plus populaire, suivie par 70 % des élèves à l’école fondamentale et 60 % au lycée. Dans un pays dont le premier journal – le Luxemburger Wort – et la principale communauté étrangère – portugaise – sont catholiques, l’audience de l’Église reste particulièrement forte », explique Cath.ch.

Le nouveau gouvernement, « dirigé par Xaviel Bettel, entré en fonction début décembre à la suite d’élections législatives anticipées, projette de ne laisser au programme qu’un unique cours d’« éducation aux valeurs », qui présenterait, entre autres, « de manière objective, les grands courants religieux et philosophiques » (le gouvernement n’a pas précisé s’il sera demandé aux 300 enseignants de religion de se reconvertir). Ce projet ne semble pas emporter l’adhésion des parents: d’après un sondage, 72 % de la population souhaite maintenir l’alternative entre les deux enseignements ».

Malgré une majorité défavorable au projet, l'Église catholique n'hésite pas... à soutenir le gouvernement contre ses fidèles, avec une très faible défense et une rare pusillanimité : « L’Église est prête pour le changement, mais nous voulons un vrai dialogue et regrettons que ne soit pas reconnu tout ce que nous apportons à la société, sur le plan caritatif par exemple », réagit Roger Nilles, porte-parole du diocèse, dans La Croix en juillet 2013.

Le projet est adopté par les députés luxembourgeois en juillet 2016, dans une ambition vague de « vivre-ensemble » qui ne satisfait personne, pas même la gauche locale qui vote contre:

« Jeudi, dans l’après-midi, le Parlement a voté la création d’un nouveau cours unique « Vie et société », qui signe la fin de la religion à l’école. Comme l’ont détaillé les auteurs du cours, lors d’une conférence de presse, le matin même, au ministère de l’Éducation nationale, la nouvelle matière n’existe pour le moment que sous la forme de fiches indicatives censées proposer un cadre de discussion éventuel. L’idée étant d’éviter le moins possible de « définir de trop près » le nouveau cours, qui sera centré sur la notion du vivre ensemble.

Son but, comme l’a expliqué une enseignante devant la presse, consiste avant tout à éveiller la conscience des élèves vis-à-vis de certaines problématiques d’ordre social et de les aider à développer une opinion propre, argumentée, en se documentant, mais aussi en apprenant à se remettre en question dans un contexte d’échange et de discussion avec l’autre. «La production de savoirs», comme l’a précisé l’enseignante, n’étant d’ailleurs pas un but en soi du cours. Par conséquent, tout enseignant est libre de compléter le cadre donné comme il l’entend », tente d'expliquer le journal luxembourgeois Le Quotidien.

Seuls les conservateurs montent au créneau : « À la Chambre des députés, Laurent Zeimet a une nouvelle fois fustigé un projet de loi dans lequel l’État ôterait aux citoyens le droit de choisir l’éducation de leurs enfants. En effet, pour le député chrétien-social, l’État n’a pas à se mêler de la définition des valeurs, mais devrait au contraire respecter les convictions religieuses des parents. […] Toujours selon le député, la religion continue d’occuper un rôle important dans la vie de beaucoup de gens, même si elle est souvent détournée. […] Selon Laurent Zeimet, le gouvernement aurait d’ailleurs raté l’occasion d’introduire un cours innovant, en écartant la proposition de huit représentants des cultes de développer ensemble un cours unique. «Le zèle qu’emploie le gouvernement à effacer le religieux n’est pas un signe de modernité, mais un anachronisme», a estimé le chrétien-social.

Même son de cloche du côté de l’ADR, qui par la voix de Fernand Kartheiser a dénoncé un « cours de rien », de même que «la déconstruction de tout ce qui a de la valeur aux yeux de l’homme : la nation, l’identité et la foi ».

Le tout dans le silence assourdissant de l'Église catholique au Luxembourg.


Le cardinal Jean-Claude Hollerich serait un des favoris d’un éventuel prochain conclave.


[1]. Nous reproduisons sous ce paragraphe un article de Don Pio Pace dans Res Novae, du 16 octobre 2022 : Les papables de gauche - Res Novae - Perspectives romaines.

[2]. Si le conclave souhaite un François bis, voici son nom et son programme | Diakonos.be.

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