Notre lettre 1068 publiée le 19 juillet 2024

RETOUR SUR L'HOMMAGE NATIONAL
ACCORDE A HENRI GROUES
CEF ET REPUBLIQUE RIDICULISES
A QUI PROFITE LE CRIME ?

UNE NOUVELLE CHRONIQUE
DE PHILIPPE DE LABRIOLLE
AU SUJET DU PAUVRE ABBE PIERRE

Ce 17 juillet 2024, la Conférence des Evêques de France insère sur son site un communiqué qui expose l’instance à faire rire, une nouvelle fois, à ses dépens. Il y est question de témoignages à l’encontre de l’abbé Pierre, Henri Grouès pour l’état civil, de la part de femmes se plaignant de comportements inappropriés, attentatoires à leur pudeur.

« Au secours, mes amis », ce cri lancé à la radio durant l’hiver 1954 par un abbé sorti du rang, alertant aussi largement que possible sur les drames de la misère, avivée par la saison froide, assurait la célébrité immédiate, et justifiée, du créateur d’Emmaüs.

Appelé très largement, et bien au-delà des frontières, à raconter son aventure caritative, il avait l’occasion de faire connaitre son parcours personnel. Né en 1912, ce fils d’une famille nombreuse de soyeux lyonnais aisés, est sensibilisé très tôt par ses parents à l’attention due aux pauvres. De santé fragile, il est ordonné prêtre en 1938, et exercera dans le diocèse de Grenoble. La guerre le conduira à poser des actes de résistance, et, médaillé à ce titre, se fera élire député MRP de Meurthe et Moselle, de 1945 à 1951.

Déçu par la politique, il se tourne vers l’action associative. Fondé dès 1949, Emmaüs est un réseau laïc. L’abbé soutient des motions, des comités, des appels de personnalités, toutes de gauche. Il côtoie Gide, Camus, Mounier, s’affranchissant de toute tutelle ecclésiale dans ses objectifs de bienfaisance.

Le 22/01/2007, à l’âge de 94 ans, l’abbé Pierre (son nom de résistance) est emporté par une pneumopathie. Un hommage national lui est rendu, et d’aucuns suggèrent son entrée au Panthéon. Rarement un consensus républicain aussi large se focalise sur un clerc, dont l’atypicité, il est vrai, le désigne comme le parangon du prêtre rallié, à l’horizontale.

La transition se veut sauve de toute vulgarité. Mais l’abbé lui-même ayant reconnu avoir manqué souventes fois à la chasteté de son état presbytéral, et la chose étant notoire, il est assez ridicule de voir la CEF affecter de tomber des nues en découvrant les mœurs du prêtre le plus connu et le plus apprécié de France.

Dix-sept ans après son décès, partant sa comparution devant le Juste Juge, l’abbé voit son image médiatique ternie, par des bénévoles d’Emmaüs qui, surfant sur la vague indemnitaire, supposent que la cicatrisation des plaies intérieures sera favorisée par des espèces sonnantes et trébuchantes. S’il s’agissait de faire constater un forfait, et le dommage subséquent, quel temps perdu ! Mais le contexte a changé. Rétrospectivement, s’être plainte du vivant de l’abbé, que d’argent perdu ! Que l’incroyant, appâté par le gain, exploite la crédulité des Ordinaires, aussi dégradante pour l’Eglise soit-elle, voilà que nous revient avec nostalgie le refrain de Ray Ventura : « C’est toujours ça de pris, comme disait ma grand-mère, c’est toujours ça de prix, y’a pas de p’tit profit… ».

Mais que les évêques français, avant tout examen du dossier, accréditent la condition victimale de celles qui, faute d’avoir parlé en temps réel, n’ont rien fait pour décourager les effets d’un rut mal contrôlé, et de ce fait favorisé la récurrence des fameux comportements inappropriés, voilà une passivité bien discutable chez ces dames. Certes, mais surtout de la part de nos mitrés une hypocrisie qui atteint de nouveaux sommets à mesure que le temps passe, et qu’il eût été loisible aux Ordinaires, es qualités, de tancer l’abuseur au nom, à tout le moins, de la notoriété publique. Dévoilant une trouille abyssale de son ombre, et l’imposture de la mémoire occultée à dessein, la CEF s’enfonce lamentablement dans la lâcheté la plus choquante.

A vrai dire, c’est l’hommage national de la République qui est éclaboussé, plus encore que l’acteur humanitaire, qui n’a jamais prétendu avoir réponse à tout, et a, sur bien des sujets, gardé son franc-parler. La « maison sûre » que la CEF souhaite faire des diocèses français est en train de devenir, sous la houlette de ces piètres pasteurs, une maison morte. Ce qui n’est pas sans logique : qu’y a-t-il de plus dévitalisé, et donc de moins dangereux….qu’un cimetière ?

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