Notre lettre 1111 publiée le 3 octobre 2024

SAUF POUR LE RITE TRADITIONNEL

AUJOURD'HUI TOUT EST PERMIS DANS L'ÉGLISE...

Y COMPRIS FARCES ET SCANDALES

Sauf le rite traditionnel, ai-je dit plusieurs fois, tout est permis en liturgie dans l’Église aujourd’hui. La liturgie nouvelle se prêtre à toutes les « interprétations ». Elle est conçue par bien des prêtres comme une fête séculière : voyez comme ce prêtre italien traite la sainteté du sacrement de mariage Un Curé Jovial - Vidéo Dailymotion.

La liturgie comme farce. Mais il y a plus grave quand la substance des sacrements, la matière (le pain et le vin de l’Eucharistie, l’eau du baptême) et la forme (« Je te baptise… », « Ceci est mon Corps ») est atteinte du fait de cette interprétation personnelle du célébrant que le nouveau rite appelle. Car, comme le fait remarquer l’abbé Hervé Mercury dans un livre à paraître aux éditions du Cerf, La liturgie sacrificielle du rite rénové par Jean XXIII au Novus Ordo de Paul VI, il est dans la nature du rite nouveau de dépendre de l’investissement personnel du célébrant. H. Mercury le faisait remarquer à propos de la bonne interprétation qu’un célébrant sérieux était conduit à donner pour montrer que la messe est un sacrifice, mais cela vaut aussi pour l’interprétation ordinaire qui peut très facilement vicier un rite perméable et faible.

Je vous avais parlé de la célébration scandaleuse d’un baptême d’adulte par l’évêque auxiliaire de Québec (voir Riposte catholique : Abus liturgique durant le baptême par l'évêque auxiliaire de Québec - Riposte-catholique) : le sacrement qui arrache une âme au péché originel est transformé en kermesse. L’évêque allait jusqu’à insérer ses propres réflexions amusées au milieu des paroles sacrées de la forme sacramentelle donnée par le Christ : Je te baptise au nom du Père – « ça va ? » – et du Fils – « il manque le Saint-Esprit » – et du Saint-Esprit.

Il y a hélas plus fort dans le tripotage des paroles sacramentelles. C’est d’ailleurs pourquoi le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, pourtant peu scrupuleux, a publié la Note Gestis verbisque, le 2 février dernier, pour rappeler que les paroles et les éléments établis dans le rite essentiel de chaque sacrement ne peuvent pas être modifiés, ce qui invaliderait le sacrement.

Ainsi, dans un diocèse du Nord de la France, comme on le voit sur la vidéo ci-dessus , un curé, serviette sur l’épaule, baptise à grande eau une petite fille avec ces paroles « Apolline, dans la foi de l’Église, je te baptise, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen » (voir la vidéo annexée). Puis il élève la baptisée pour la faire applaudir, ce qui est devenu un « rite » commun dans les baptêmes.

Je souligne : le curé a amputé la forme sacramentelle de « …au nom du… ». Je me suis renseigné pour savoir ce qu’en pensaient les auteurs du passé qui énumèrent dans leurs manuels, en creusant leur imagination, une série de cas de modifications de la forme. Il s’est avéré que cette transformation-là leur était inconnue. On a seulement pu me dire que saint Alphonse de Liguori, s’appuyant sur saint Thomas, affirmait que serait certainement invalide la forme « Je te baptise aux noms, in nominibus, du Père, du Fils et du Saint-Esprit », forme qui remplacerait « au nom » au singulier par « aux noms » au pluriel : elle n’expliquerait pas l’unité de l’action divine dans la Trinité des Personnes. Notre curé n’a pas ces délicatesses : il omet purement et simplement « au nom de ». Qu’en est-il de la validité ? L’évêque serait bien inspiré de faire réitérer le baptême d’Apolline sous condition et peut-être même tous les autres faits par ce bon curé.

Mais il y a plus grave encore. Une lettre circulaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, du 19 juin 1995, adressée aux présidents des conférences épiscopales (Lettre sur l'usage du pain pauvre en gluten et du moût comme matière eucharistique (vatican.va)) et une autre lettre du 24 juillet 2003 (Lettre à tous les Présidents des Conférences épiscopales sur l’usage du pain pauvre en gluten et du moût comme matière eucharistique (vatican.va)), permettaient aux prêtres ne pouvant plus absorber de vin (par exemple, des prêtres autrefois alcooliques qui ont subi une cure de désintoxication), de consacrer du mustum, du jus de raisin, à la place du vin. C’était en effet permis par les Congrégations romaines, dans les cas exceptionnels où on ne pouvait pas se procurer du vin achevé. Mais le jus de raisin aujourd’hui commercialisé est pasteurisé pour empêcher radicalement toute fermentation. C’est, si j’ose dire, du fruit de la vigne castré.

Ainsi célébrait l’abbé Pierre, avec les Compagnons d’Emmaüs auxquels les boissons alcoolisées étaient interdites. Ainsi célèbrent un certain nombre de prêtres ou vicaires de paroisses (j’ai connaissance de deux cas, mais il en est sans doute d’autres : dans le premier, la permission a été accordée avant son ordination à un prêtre qui ne supportait pas de consommer une goutte de vin ; dans le second, j’ignore le motif de la permission, mais je sais que les autres prêtres de la paroisse, qui n’ont demandé aucune permission, utilisent aussi du jus de raisin comme leur confrère). Les fidèles assistent-il au Saint Sacrifice de la Messe ? On l’espère pieusement.

Et à nous, le rétablissement des messes célébrées selon le rite immuable que l’Eglise nous sera-t-il accordé au moins comme miettes de cette liberté qui permet tout et pourrait bien permettre aussi ce qui s’est toujours fait ?

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