Notre lettre 1202 publiée le 5 mai 2025
REFAIRE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE
CONFIRMA FRATRES TUOS (Lc 22, 32)
PAR L'ABBÉ CLAUDE BARTHE
English version at the bottom of the letter
Versione italiana in fondo alla lettera
Avant même que ne s’ouvrent les Congrégations générales du pré-conclave, la Ville éternelle est entrée dans une intense ébullition. La question est de savoir si les 135 cardinaux électeurs, dont près de 80% ont été nommés par François, feront accéder au pontificat un homme qui gouvernera dans sa ligne, ou au contraire un cardinal de compromis, qui tiendra compte, plus ou moins selon l’état des forces en présence, des doléances des conservateurs.
Si l’on s’en tenait là, le rétablissement de l’unité perdue ne serait pas à l’ordre du jour. Les papes de l’après-Vatican II ont finalement échoué à refaire cette unité, tant les papes de « restauration », Jean-Paul II et surtout Benoît XVI, que François, pape de « progrès ». Y échouera de même un pape de progrès tempéré.
Car le problème de fond est tout autre. Il est magistériel, ou plus exactement tient au non-exercice du magistère comme tel. L’aspect le plus visible de cette déficience est dans l’absence de condamnation de l’hérésie d’où résulte un schisme latent, pire en un sens qu’un schisme ouvert puisque les fidèles du Christ ne savent plus où se trouve la frontière entre la foi et l’erreur.
Aujourd’hui, de facto, l’autorité s’abstient de jouer le rôle d’instrument d’unité, du moins d’unité au sens classique, unité par la foi, elle se présente au contraire comme gestionnaire d’un certain consensus dans la diversité. Son rôle est plus de fédérer que d’unir, les principes de l’œcuménisme et de la liberté religieuse ayant été intégrés à l’intérieur même du corps ecclésial.
Depuis un demi-siècle, sauf cas rares ou marginaux, plus aucune sentence d’exclusion de l’Église pour hérésie n’a été prononcée de la part des instances hiérarchiques épiscopales ou romaines. Il y a bien eu, par le passé, des périodes de bouillonnement d’erreurs, sinon aussi graves, du moins dramatiques. Mais aujourd’hui, la diversité n’explose pas en morceaux : des fidèles, des prêtres, des cardinaux, un pape, peuvent émettre des assertions divergentes sur des points de foi ou de morale jadis considérés comme fondamentaux (le respect dû uniquement à la religion du Christ, l’indissolubilité du mariage, par exemple), tout en étant les uns et les autres toujours tenus pour catholiques. Ce qui est évidemment désastreux pour la mission de l’Église, mais aussi d’abord – et l’un explique l’autre – désastreux pour l’être même des catholiques.
La synodalité, comme tous les objectifs du pontificat du pape François, libéralisation de la morale, extirpation de l’ancienne liturgie, a eu l’avantage si l’on peut dire de dévoiler en les portant au maximum les failles du dessein conciliaire. La synodalité vient parachever la collégialité. La collégialité, s’exprimant spécialement dans le Synode des Évêques voulait imiter quelque peu (les assemblées du Synode ne sont que consultatives) le parlementarisme de la démocratie libérale. La synodalité du pape François veut calquer, également de manière lointaine, une sorte de suffrage universel bénéficiant à l’ensemble du Peuple de Dieu. De même que, dans les démocraties modernes, les lois de l’État ne cherchent plus à être des applications concrètes de la loi naturelle mais une expression de la volonté générale, de même l’enseignement pastoral ne vise plus strictement à faire connaître le contenu de la Révélation mais à interpréter le message évangélique en se mettant à l’écoute de l’humanité présente, avec un ajustement au dogme antérieur.
« Acceptes-tu ton élection canonique comme souverain pontife ? » (Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem ?), sera-t-il demandé bientôt dans la Sixtine au nouvel élu. La question à lui posée visera la souveraine autorité christique donnée au Pontife qui succède à Pierre pour confirmer ses frères.
Abbé Claude Barthe
https://www.resnovae.fr/refaire-lunite-de-leglise/
Restoring Unity to the Church
Confirma fratres tuos (Lc 22, 32)
Even prior to the opening of the pre-conclave General Congregations, the Eternal City has entered into a state of effervescence. The question has arisen as to whether the 135 cardinal electors, nearly 80% of whom were appointed by Francis, will bring to the pontificate a man whose governance will be in the same vein, or, on the contrary, a cardinal with a will to compromise, who will take into account the grievances of the conservatives, to a greater or lesser degree, depending on the state of the forces present. If left at that, however, restoring the lost unity would not be on the agenda. The post-Vatican II popes ultimately failed to restore this unity, both the popes of “restoration”, John Paul II and above all Benedict XVI, and Francis, the pope of “progress”. A pope espousing a more tempered version of progress would likewise fail.
For, indeed, the underlying problem is of an entirely different order. It is magisterial, or to be more precise, it has to do with the non-exercise of the magisterium as such. The most visible aspect of this deficiency is the absence of condemnation of heresy, resulting in a latent schism, worse in a sense than an open schism, since Christ’s faithful no longer know where the boundary lies between faith and error. Today, de facto, the authority refrains from playing the role of instrument of unity, at least of unity in the classical sense, which is unity through faith, and instead presents itself as the manager of a certain consensus in diversity. Its role has become more to federate than to unite, the principles of ecumenism and religious freedom having been integrated within the ecclesial body itself. In the last half-century, except in rare or marginal cases, no sentence of exclusion from the Church for heresy has been pronounced by the episcopal or Roman hierarchies. There have indeed been periods in the past when errors were rife and, if not as serious, then at least as dramatic. But today, diversity is not blown to bits: the faithful, priests, cardinals, and even a pope, can make divergent assertions on points of faith or morality once considered fundamental (for instance, the respect due only to the religion of Christ, or the indissolubility of marriage), all the while still being considered as Catholic. This is obviously disastrous for the Church’s mission, but also – and the one explains the other – disastrous for the very being of Catholics.
Synodality, along with all the objectives of Pope Francis’ pontificate – such as the liberalization of morality and the extirpation of the ancient liturgy – has had the advantage, if one may say so, of exposing the flaws of the conciliar intent to the full. Synodality brings collegiality to completion. Collegiality, expressed especially in the Synod of Bishops, was intended to imitate the parliamentarianism of liberal democracy to some extent (synodal assemblies being only consultative). The synodality of Pope Francis is intended to emulate, also in a distant way, a kind of universal suffrage, benefiting the whole People of God. Just as, in modern democracies, the laws of the State no longer seek to be concrete applications of the natural law, but merely the expression of the general will, so likewise pastoral teaching no longer aims strictly to make known the content of Revelation, but merely to interpret the Gospel message by listening to present-day humanity, and to adjust earlier dogma accordingly.
“Do you accept your canonical election as Supreme Pontiff?” (Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem?), the newly-elected Pontiff will soon be asked in the Sistine Chapel. The question posed to him will focus on the sovereign Christ-like authority given to the Pontiff who succeeds Peter in order to confirm his brethren.
Fr. Claude Barthe
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Rifare l’unità della Chiesa
Confirma fratres tuos (Lc 22, 32)
Ancora prima che si aprano le Congregazioni generali del pre-conclave, la Città eterna è entrata in uno stato di intensa eccitazione. La questione è di sapere se i 135 cardinali elettori, di cui circa l’80% sono stati nominati da Francesco, faranno ascendere al pontificato un uomo che manterrà la sua linea di governo o al contrario un cardinale di compromesso, il quale terrà conto, in misura maggiore o minore secondo la proporzione delle forze in campo, delle lamentele dei conservatori.
Se ci si fermasse qui, il ristabilimento dell’unità perduta non sarebbe all’ordine del giorno. Nel «rifare unità» nella Chiesa tutti i papi del post-Vaticano II hanno in definitiva fallito: tanto i papi «di restaurazione», Giovanni Paolo II e soprattutto Benedetto XVI, quanto il papa «di progresso» Francesco. Fallirà, in questo, anche un papa di progresso moderato.
Sì, perché il problema di fondo è totalmente diverso. Il problema di fondo è magisteriale, e più precisamente consiste nel mancato esercizio del magistero come tale. L’aspetto più visibile di questa deficienza consiste nell’omissione della condanna dell’eresia. Da ciò deriva uno scisma latente, cosa in un certo senso peggiore di uno scisma visibile, perché i fedeli di Cristo non sono più in grado di individuare il confine tra la fede e l’errore.
Oggi, di fatto, l’autorità rifiuta di fungere da strumento di unità, almeno di unità nel senso classico, ovvero di unità nella fede. Essa si presenta al contrario come amministratrice di un certo consensonella diversità. Il suo ruolo è piuttosto quello di federare che di unire, dal momento che i princìpi dell’ecumenismo e della libertà religiosa trovano campo di applicazione all’interno stesso del corpo ecclesiale.
Da una cinquantina d’anni, salvo casi rari o marginali, nessuna sentenza di esclusione dalla Chiesa per eresia è stata spiccata da parte delle istanze gerarchiche, episcopali o romane. Ci sono stati effettivamente, nel passato, dei periodi di diffusione massiva di errori, se non così gravi almeno drammatici. Ma oggi la diversità non si manifesta in clamorose lacerazioni: fedeli, sacerdoti, cardinali e papi possono pronunciare affermazioni divergenti su punti di fede o di morale un tempo considerati come fondamentali (il rispetto dovuto unicamente alla religione di Cristo o l’indissolubilità del matrimonio, per esempio) pur continuando tutti a essere considerati cattolici. Questo stato di cose è evidentemente disastroso per la missione della Chiesa, ma è anche disastroso in prima battuta – e una cosa spiega l’altra – per la stessa identità dei cattolici.
La sinodalità, come tutti gli obiettivi del pontificato di papa Francesco (liberalizzazione della morale, estirpazione della liturgia antica) ha avuto per così dire il vantaggio di svelare, portandole all’estremo, le linee di faglia del progetto conciliare. La sinodalità viene a dare compimento alla collegialità. La collegialità, che si esprime in modo particolare con il Sinodo dei Vescovi, voleva imitare per quanto possibile – le assemblee del Sinodo sono solo consultive – il parlamentarismo della democrazia liberale. La sinodalità di papa Francesco prova a ricalcare, ancora una volta in modo lontano, una sorta di suffragio universale di cui è l’insieme del Popolo di Dio a essere beneficiario. Allo stesso modo in cui, nelle democrazie moderne, le leggi dello Stato non si concepiscono più come applicazioni concrete della legge naturale ma come espressioni della volontà generale, così l’insegnamento pastorale non si attribuisce più il preciso scopo di far conoscere il contenuto della Rivelazione, ma quello di interpretare il messaggio evangelico mettendosi all’ascolto dell’umanità presente, pur attuando una certa perequazione rispetto alla dottrina anteriore.
«Accetti la tua elezione canonica a Sommo Pontefice?» (Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem?). È la domanda che sarà presto rivolta nella Cappella Sistina al nuovo eletto: domanda che avrà per oggetto la sovrana autorità cristica concessa al Pontefice che succede a Pietro per confermare i suoi fratelli.
Don Claude Barthe
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