Notre lettre 1299 publiée le 4 novembre 2025

ÉCHOS DU PÈLERINAGE
SUMMORUM PONTIFICUM
DANS LA PRESSE IV

VALEURS ACTUELLES
DU 26 OCTOBRE 2025


Léon XIV : pacification liturgique à Rome ?


CHRONIQUE. Hier, a été célébrée dans la basilique Saint-Pierre de Rome une messe en latin dans le rite traditionnel. Rassemblant une immense foule de fidèles, la cérémonie avait été permise par le pape Léon XIV. Signe d'une détente.

Par Père Danziec

Publié le 26 octobre 2025 à 19h00


Ce matin, les quotidiens italiens La Verità et Il Tempo, pour ne parler que d’eux ; vendredi, une double page dans La Croix ; hier soir à la télévision, un sujet entier dans le journal de 20 h de la Rai 1, équivalent transalpin à la chaîne France 2. Chacun de ces médias ont donné la part belle à un événement détonnant de ce début de pontificat du pape Léon XIV et qui laissera, probablement, plus de traces qu’un regard distrait et rapide ne saurait y songer.

Cette célébration en latin, selon la liturgie d’avant Vatican II, faisait elle-même suite au colloque international organisé la veille, le vendredi 24 octobre, par Pax Liturgica. Depuis quatorze ans désormais, cette association s’attache à réunir dans la capitale de l’Église les baptisés, prêtres et fidèles, qui ont partie liée avec la messe traditionnelle.

« À l’origine, nous avons organisé ce pèlerinage en action de grâce. Notre but était de remercier Benoît XVI pour son souci d’asseoir la paix liturgique dans une Église fracturée », explique l’abbé Barthe, aumônier du rassemblement.

Après le changement de style et d’orientation du pontificat du pape François, le rendez-vous s’est transformé en plateforme romaine, permettant de faire l’état des lieux du dynamisme missionnaire de la messe traditionnelle à travers le monde.


Plus de 115 nations représentées et de nombreuses familles au rendez-vous

À observer de près cet événement, c’est très certainement le nombre de participants — leur jeunesse et le caractère cosmopolite du rassemblement ! — qui impressionne.

« C’est vraiment adorable de la part du Vatican d’organiser une messe pour les jeunes dans Saint-Pierre-de-Rome », confie, un brin taquin, un fidèle anglophone.

Au-delà de la portée médiatique, en interne dans l’Église, de ce rendez-vous annuel de fidèles attachés à l’univers traditionnel, ces deux journées témoignent avec force de la vitalité et du caractère international du rite romain ancien.

Plus de soixante ans après la réforme liturgique, son attrait ne faiblit pas : ils étaient effectivement plus de trois mille fidèles à prendre part à la grande procession dans les rues de Rome, puis à la messe pontificale dans la basilique Saint-Pierre.

Plus de 115 drapeaux de différentes nations se dressaient au-dessus de la foule, sans compter les près de trois cents clercs, de tous les continents, qui entouraient le célébrant à l’autel. Jamais le pèlerinage Pax Liturgica n’avait rassemblé autant de monde. Selon les organisateurs, « les attentes en ce début de pontificat et les espérances liées à la personnalité fédératrice de Léon XIV sont immenses ».


La liturgie ancienne comme point d’union possible ?

Ce rassemblement des amoureux de la messe en latin a peut-être offert l’esquisse d’une réponse.

Tout d’abord, l’accord donné par Léon XIV lui-même pour que deux cardinaux, et non des moindres, y participent activement : le cardinal Burke, américain, éminent canoniste, classé conservateur, à la fois manifestement filial à l’endroit de la papauté et en même temps soucieux d’une authentique justice liturgique ; et le cardinal Zuppi, président de l’influente Conférence des évêques d’Italie, archevêque de Bologne, papabile lors du dernier conclave et personnalité habituellement classée à gauche.

Ensuite, et ce fut certainement l’un des points culminants de ce pèlerinage organisé par Pax Liturgica, ces deux acteurs cruciaux du dialogue ecclésial, malgré leurs bords différents, ont échangé des paroles significatives, avant et après les vêpres célébrées dans la basilique San Lorenzo in Lucina, vendredi, tout près de la place d’Espagne.

Ces deux personnalités, que des esprits trop cartésiens opposeraient volontiers, se retrouvaient ainsi sur un enjeu d’importance pour l’avenir de l’Église : la paix liturgique. En politique politicienne comme en politique ecclésiastique, il y a des gestes qui ne trompent pas.

La liturgie ancienne comme point d’union possible et le lieu de charité authentique.


« Que l’Église entière parvienne à une compréhension et à un amour toujours plus grand du don prodigieux de la liturgie sacrée » — Cardinal Burke


Autre fait marquant, le cardinal albanais Simoni, âgé de 97 ans, prit la parole lors de la messe pontificale dans la basilique Saint-Pierre-de-Rome. Créé cardinal en 2016 par le pape François, il avait été auparavant emprisonné pendant 18 ans dans les geôles communistes — entre 1968 et 1981. Ce martyr vivant du catholicisme n’hésitait pas à soutenir l’événement par sa présence et sa prière.

Le cardinal Burke, durant son homélie, rendait quant à lui grâce à Dieu pour l’ouverture de Benoît XVI et demandait que, par son intercession, « l’Église entière parvienne à une compréhension et à un amour toujours plus grand du don prodigieux de la liturgie sacrée, telle qu’elle nous a été transmise sans interruption par la sainte tradition et les apôtres et leurs successeurs ».

Le prélat américain ne manquait pas de saluer les fidèles « qui, tout au long des siècles chrétiens, ont rencontré le Christ et ont approfondi leur vie en Lui, grâce à cette forme vénérable du rite romain ». Selon lui, comment ne pas « remercier Dieu pour la manière dont cette forme vénérable du rite romain a amené à la foi et approfondi la vie de foi de tant de personnes qui ont découvert pour la première fois sa beauté incomparable ».

Ces mots forts du cardinal Burke, prononcés sous les voûtes de la basilique Saint-Pierre, venaient comme en écho aux témoignages de convertis qui, la veille, avaient eu l’occasion de raconter leur parcours lors du colloque international proposé par Pax Liturgica.

Celle notamment d’une Brésilienne, venue du spiritisme et du protestantisme, avait fait forte impression.

De cet évènement, dont la jeunesse et l’espérance étaient sans doute les maîtres mots, il ressort que la fécondité et le dynamisme des pédagogies traditionnelles de la foi ne peuvent que contribuer au bien commun de l’Église universelle.

Les prochains mois diront si ce sentiment est partagé en haut lieu.

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