Notre lettre 1217 publiée le 4 juin 2025
DIOCESE DE TOULON,
DEBUT JUIN 2025
ÉTAT DES LIEUX
L’annonce de la suppression probable par Mgr Touvet de la messe traditionnelle d’Ollioules, dans le diocèse de Toulon – et du départ des deux prêtres qui la desservent, deux frères argentins – dans la fratrie, un autre est incardiné dans le diocèse, un quatrième est depuis 2023 moine au Barroux – a suscité un important tollé. D’autant qu’à Hyères, Carnoules ou même Toulon, d’autres messes étaient menacées.
A ce jour, il est question de transférer de Draguignan sur Ollioules un vicaire biritualiste comme curé, et de garder à Ollioules un des frères, tandis qu’un autre rejoindrait l’Amérique Latine ; la messe devrait être maintenue, comme celles de Hyères, Toulon St Pie X et Carnoules dont la suppression était évoquée.
Séminaire : vers le désert et le transfert à Aix ?
Néanmoins, Mgr Touvet et ses contacts romains dont il est la courroie de transmission semblent s’être trouvé d’autres cibles. A commencer par le séminaire, qui n’a eu aucune entrée l’an dernier – il y a eu des vocations pour frapper à la porte, mais impitoyablement refusées car non originaires du Var. Cette année, la situation risque de se reproduire.
Dans l’autre sens, il y aura cette année dix ordinations en rite NOM, seize si les six ordinations des diacres des Missionnaires de la Miséricorde se débloquent – le cardinal Roche, non content de persécuter le pèlerinage de Chartres de son délire administratif tatillon, essaie d’imposer des ordinations en nouveau rite, les Missionnaires de la Miséricorde, s’appuyant sur leurs constitutions et leur charisme, insistent sur des ordinations dans le rite traditionnel. La situation reste bloquée, et avec d’autres diocèses, où les futurs prêtres sont attendus.
Les effectifs du séminaire de la Castille baissent ainsi rapidement. De 46 à l’automne 2023, ils ne sont plus actuellement qu’une trentaine, et seront une vingtaine à la rentrée prochaine. Sous les arbres du domaine de la Castille, il se dit que Toulon ne finira par garder que deux années de formation sur les six, avec une formation interdiocésaine, et le reste ira à Aix – Mgr Touvet avait démenti ce projet, mais c’est pourtant ce qui demeure dans les tuyaux.
Sauf qu’en mai 2024, Mgr Delarbre a finalement renoncé à déménager l’évêché à la Baume, hors du centre-ville d’Aix, et qu’il reste dans le même bâtiment que le séminaire et la propédeutique – en novembre 2023 il comptait 29 séminaristes dont 7 diacres. Les lieux peuvent difficilement accueillir plus d’une demi-douzaine de séminaristes supplémentaires – c’est sans doute l’étiage jusqu’où pourrait baisser le second cycle à Toulon pour être transféré à Aix. Triste fin pour un des plus grands séminaires de France – mais là encore, il est reproché à Mgr Rey d’avoir réussi, et d’avoir beaucoup ordonné.
Les écoles libres hors des locaux diocésains ?
Autre cible désignée, les écoles – lutter contre les enfants n’est pourtant pas digne d’un ex-fusilier marin, mais les apparatchiks ecclésiastiques n’ont aucun scrupule lorsqu’il s’agit de faire carrière. Ainsi, trois écoles hors contrat ont été accueillies sous Mgr Rey dans des locaux paroissiaux inoccupés, à La Valette du Var, Carqueiranne et Toulon même. D’un coup de menton, Mgr Touvet a ordonné qu’ils les quittassent à la rentrée prochaine, ce qui met logiquement en péril la pérennité de ces écoles. Visiblement, pour le nouveau titulaire du diocèse de Toulon, peu importe – puisque les jeunes préfèrent la messe traditionnelle, ils doivent disparaître. Y compris dès le berceau s’il le faut. Plus d’écoles, plus de vocations, donc plus de prêtres - quant aux fidèles, Mgr envisage-t-il de se faire prêter un lance-flammes ?
Comptes : Mgr Touvet se donne-t-il les moyens ?
Officiellement, Mgr est là pour stabiliser et normaliser le diocèse, en redressant notamment les comptes. On pourrait s’attendre à ce qu’il nomme un économe rodé à l’exercice, assisté de plusieurs comptables. Et non. Mgr Touvet a préféré trouver… un officier de marine, Xavier Landot, membre du comité d’éthique des armées certes, et passé par l’Afghanistan en 2010. Il y décrivait son expérience dans une plaquette : « je suis chargé de préparer les entraînements au profit des états-majors et des officiers généraux de la FIAS avant leur déploiement en Afghanistan. La mission de la FIAS est si complexe que l’entraînement précédant la mise en place dans les états-majors à Kaboul est devenu un facteur clé du succès. Etre affecté dans l’OTAN me permet d’en maîtriser la structure de commandement, de travailler en état-major interarmées, de participer à une opération regroupant 46 nations et cela, bien sûr, en anglais ».
On se demande comment cela va permettre de redresser les comptes du diocèse de Toulon ? A moins d’affirmer que Toulon, c’est Kaboul ?
D’un autre côté, Mgr Touvet a peut-être intérêt à ce que les problèmes financiers perdurent. C’est le prétexte idéal pour renvoyer prêtres non incardinés et communautés nouvelles, regrouper des paroisses, supprimer des messes et des dessertes. Bref, faire ce qui ne marche pas dans tous les autres diocèses français. Le but, c’est de « normaliser », or la norme en France, c’est le désert post-chrétien avec 2% de pratique et quelques dizaines de curés actifs par diocèse, dont un quart en burn-out. Le diocèse de Toulon scandalisait les autres par sa réussite. Une fois qu’il sera transformé en désert, il n’hérissera plus les dignitaires d’Eglise schismatiques qui préparent une église sans prêtres, sans sel, sans vérité, bref, sans Eglise. Et surtout, surtout, sans demander leur avis aux fidèles. Eux, ils savent.