Notre lettre 1288 publiée le 17 octobre 2025

SUCCÈS ÉCLATANT DU SECOND PÈLERINAGE NOSTO FE.

« DANS LA CONSTRUCTION DE L'ÉGLISE

CHAQUE BAPTISÉ A SA PLACE"

Y RAPELLE MGR TOUVET ÉVÊQUE DE FRÉJUS-TOULON


Partout dans le monde et en France, le pèlerinage de Chartres fait des petits. Feiz ha Breizh en Bretagne, avec plus de 2300 participants cette année, pour la 8e édition, Dex Aïe en Normandie – 600 marcheurs pour la première édition, Notre-Dame des Cimes en Savoie – près de 300 participants malgré 1000 mètres de dénivelé positif, ou encore bientôt Arrebastir en Béarn et en Bigorre. Quant au fils provençal du pèlerinage de Chartres il se porte très bien : Nosto Fe – 2000 participants la première année en 2024, 2700 cette année, de Cotignac à la sainte Baume.



Ils ont marché, marché. Originaires de Nîmes à Nice, de Marseille, Toulon et Avignon, de Carpentras, Apt et Grasse, sous les bannières de près de quarante chapitres aux noms de saints provençaux, escortés par les pitchouns – des enfants, nombreux, chantant des cantiques de Provence. Alors que les chrétiens manifestent de plus en plus leur Foi, que des jeunes relèvent les croix et que les pèlerinages de rentrée, ou mensuels, fleurissent même dans les paroisses classiques, voire à la communauté saint Martin, en Provence, l’héritage des félibres qui ont sauvé et fixé la langue provençale pour qu’elle soit transmise aux générations futures vit toujours, même si le parler provençal des participants, certes pleins de bonne volonté, n’est pas encore à la hauteur des anciens. Ces manifestations publiques de la Foi dans un pays très déchristianisé, ne font pas que renforcer la foi des participants – elles sont aussi un exemple vivant et un chemin de conversion pour ceux qui les voient et y participent – le zèle apostolique, c’est aussi le courage de porter le message chrétien et de se dépasser.

Si bien que dans ce contexte, apparaît décalé et un peu ridicule, le pauvre Mgr Cador, évêque de Coutances, qui a fait traîner les négociations en longueur, avant de refuser purement et simplement la messe traditionnelle et interdire à ses prêtres d’y aller sous peine d’être exclus de son diocèse. Heureusement, la Bretagne à côté est ouverte d’esprit.



Les hésitations de l’évêché

A Toulon, rien n’était gagné d’avance – on prétend qu’à la fin du printemps Mgr Touvet, stylé par Rome et certains de ses confrères, aurait même envisagé d’interdire à ses prêtres de participer à Nosto Fe. De longues négociations avaient cependant permis de s’entendre : messes traditionnelles, églises ouvertes etc. Mais soudain, à un mois du pèlerinage, sans doute aiguillonné par certaines voix romaines, l’évêché faisait remonter les enchères par un communiqué dont nous reproduisons l’essentiel non pas par esprit de vaine critique, mais pour au contraire nous réjouir plus encore de l’heureuse issue : « Le pèlerinage Nosto Fe 2025 se déroulera donc en respectant les points suivants : – missel du vetus ordo (édition de 1965, utilisée par les Missionnaires de la Miséricorde Divine, l’abbaye de Fontgombault, etc.) ; Mgr Touvet célébrera lui-même la messe dominicale à la basilique de Saint-Maximin, à l’issue d’une procession avec les reliques de sainte Marie-Madeleine. Il assurera la prédication. – calendrier du novus ordo : mémoire de Saint François d’Assise et 27ème Dimanche du Temps Ordinaire – lectionnaire du novus ordo – possibilité pour tout prêtre pèlerin de célébrer la messe du matin selon le novus ordo, cette précision devant figurer sur le site de l’association. – usage du rituel du novus ordo par tous les prêtres pour les confessions. […] Le Cardinal Roche en personne, Préfet du Dicastère pour le Culte Divin et la discipline des sacrements, a donné son accord et a encouragé Mgr Touvet dans ce sens. ».



Mais voilà que dans le même temps, la ligne romaine devenait plus floue, puisque l’on apprenait que, de nouveau, la messe traditionnelle était autorisée pour le pèlerinage Summorum Pontificum à Saint-Pierre de Rome. Et on se retrouvait à Fréjus-Toulon dans le schéma classique : les chefs amorcent un changement et leurs inférieurs doivent gérer. Situation incommode pour ces autorités inférieures, d’autant que les organisateurs du pèlerinage faisaient valoir le retournement romain de jurisprudence.

Mgr Touvet a su se montrer pastoral et politique, en vrai successeur de Mgr Rey. Une solution élégante a été trouvée pour la messe : la messe célébrée par Mgr Touvet a été finalement celle de la Dédicace de la basilique Sainte-Marie-Madeleine selon l'usus antiquior et non celle du dimanche « ordinaire ».



« Dans la construction de l’Église, chaque baptisé a sa place »

Le sermon que délivra pour l’occasion Mgr Touvet ne manquait pas de panache. Il a commencé par parler de cette dédicace dans son sermon, qu’il a comme beaucoup d’autres publié en entier sur sa page Facebook : « aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de la dédicace de cette basilique Sainte-Marie-Madeleine. Édifiée par nos pères, elle abrite les reliques de « l’apôtre des apôtres », sainte patronne de notre diocèse, qui apporta ici en Provence le trésor de la foi. La relique de ses cheveux avec lesquels elle essuya les pieds de Jésus a d’ailleurs été déposée sur l’autel aujourd’hui. L’expérience que sainte Marie-Madeleine fit de la miséricorde auprès de Jésus, et le témoignage qu’elle donna aux apôtres de sa rencontre non pas avec le jardinier mais avec le Christ ressuscité constituent ainsi le socle de la vie de l’Église locale. C’est notre tradition provençale.

Mais pas seulement pour les chrétiens du Var ou de Provence : le 3ème tombeau de la chrétienté attire les pèlerins du monde entier, comme les différents groupes de jeunes ayant fait étape ici en se rendant au jubilé des jeunes à Rome. En célébrant la solennité de l’anniversaire de la dédicace de cette basilique, nous faisons mémoire du jour où cette église fut consacrée avec le Saint-Chrême, nous rendons grâce pour toutes les conversions que sainte Marie-Madeleine a permises et permet encore, et nous célébrons l’action vivante et vivifiante de Dieu qui continue de bâtir son Église »



Puis Mgr Touvet a tressé les louanges du pèlerinage, et de Nosto Fe : « Notre entrée dans la basilique a signifié que le sens et le but de notre pèlerinage terrestre ne sont pas un exercice physique ou une visite touristique, mais une marche vers la Jérusalem céleste. Notre pèlerinage se poursuit de façon tout intérieure. […] Nous avons entendu saint Paul nous le dire au chapitre 2 de sa lettre aux éphésiens : « Vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage : vous êtes les concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu. » Quelle formidable espérance qui nous fait louer le Maître des lieux, le Seigneur de gloire qui vit et règne en nos cœurs. Quelle lumineuse espérance qui nourrit notre confiance en l’Église, Mater et Magistra, qui nous conduit vers le Ciel. Elle est là, notre espérance : rencontrer le Seigneur comme sainte Marie-Madeleine, et le reconnaître dans la foi. […] « Provencau et catouli, Nosto Fe n’a pas failli ! » Notre espérance nous fait marcher en pèlerins, au cœur d’un monde bien ténébreux, éclairés et fortifiés par la foi de notre Baptême ».

Et puis surtout : chaque fidèle doit être accueilli dans sa différence. François Touvet balise la voie de Léon XIV : « Reprenons encore la célébration liturgique de la dédicace d’une église. La préface dit ceci : « tu ne cesses de construire cette Église avec des pierres choisies, vivifiées par l’Esprit, assemblées par la charité. » Les architectes et ingénieurs ne le démentiront pas : chaque pierre est utile pour la solidité de l’édifice. Et une pierre ne tient pas seule, mais elles tiennent toutes les unes avec les autres par le ciment qui les unit. De même dans la construction de l’Église, chaque baptisé a sa place et apporte sa part en cherchant à répondre à sa vocation personnelle. Personne n’est exclu de la vie de l’Église pour tel ou tel prétexte. Je suis heureux de vous accueillir ici aujourd’hui et de célébrer la messe de clôture du pèlerinage. À travers la présence de l’évêque, successeur des Apôtres, pasteur du troupeau désireux de rassembler toutes les brebis sans exception, c’est le Seigneur lui-même qui réalise et construit la communion entre nous et avec toute l’Église ».



Comment ne pas croire Mgr Touvet quand il s’écrie, avec lyrisme : « Nous-mêmes, renouvelés par le pèlerinage, convertis au Seigneur par la grâce du pardon et par notre communion au « Pain vivant descendu du Ciel », nous partirons en mission, envoyés par le Seigneur et son Église, et nous choisissons dès maintenant ce que nous allons faire pour donner une suite spirituelle et missionnaire concrète à ce pèlerinage. Il nous revient d’être des « pèlerins d’espérance », des artisans de la communion, des témoins authentiques de la charité. Le défi spirituel est grand : avec la grâce de Dieu, il nous appartient de préserver dans sa pureté la marque, la dédicace qui a fait de nous sa demeure au jour de notre Baptême. À nous de resplendir de la sainteté de Dieu. Le monde, même sans le savoir, nous attend. Il existe, au milieu de tant de désordres, une réelle faim et soif de vérité, de charité, de fraternité » ? Dans la Paix liturgique retrouvée…

A la une

S'abonner à notre lettre hebdomadaire

Si vous désirez recevoir régulièrement et gratuitement la lettre de Paix Liturgique, inscrivez-vous.
S'ABONNER

Paix Liturgique
dans le monde

Parce que la réconciliation liturgique est un enjeu pour toute l'Église universelle, nous publions tous les mois des lettres dans les principales langues du monde catholique. Découvrez et faites connaître nos éditions étrangères.

Télécharger notre application

Soutenir Paix Liturgique