Notre lettre 1215 publiée le 30 mai 2025

L'OBJECTIF DE MGR DURAND

ÉVÊQUE DE VALENCE

EST-IL DE TRANSFORMER

SON DIOCESE EN DÉSERT ?




Depuis plusieurs années les candidats pour être évêques se font rares - ou se sont fait rares, puisqu'on évite soigneusement de nommer de bons pasteurs, mais qui ne seraient pas dans la "ligne du Parti" de l'église synodale. Donc on nomme ce qu'on trouve, et c'est ainsi que le niveau d'incompétence est régulièrement enfoncé ; après les nonces se retrouvent dans l'obligation de sacrifier des diocèses pour placardiser les plus calamiteux afin de limiter les dégâts. Ainsi de Wintzer, transféré de Poitiers à Sens Auxerre où il fait l'iconoclaste. Pauvre diocese de Sens...

Cela dit pour la succession de Mgr Pierre Yves Michel à Valence, on se demande quelle mouche a piqué Mgr Migliore. Né au Puy-en-Velay et docteur en théologie à Lyon en 2011, Mgr Durand est certes une tête bien pleine, avec un diplôme d'ingénieur en physique des matériaux et des études aux séminaires d'Avignon et Lyon. Il a même enseigné la théologie pastorale à l'université catholique de Lyon de 2012 à 2014 et formé des candidats au diaconat permanent.

Mais l'a t'il bien faite ? Pour toute expérience pastorale, celui qui a été ordonné en 2002 à Mende a été vicaire de la paroisse de Mende - avant que le diocèse n'en ait plus que cinq et qu'elle couvre tout le centre de la Lozère. Mende est avec 12300 habitants, l'une des cinq plus petites préfectures de France métropolitaine.

Puis il a été curé de la nouvelle paroisse de Saint Chely d'Apcher - tout le nord ouest de la Lozère, vicaire épiscopal pour la formation permanente et la coordination des services diocésains et référent pour la pastorale des jeunes, vicaire général de Mende en 2013 et à partir de 2017 curé de la nouvelle paroisse de Mende.

La Lozère toute entière compte, 76.000 habitants, quinze prêtres de moins de 75 ans et un séminariste en 2024. Et une messe traditionnelle mensuelle pour toute la Lozère, malgré des demandes anciennes ailleurs dans le département - systématiquement ignorées comme en Ardèche voisine.

C'était peut être un peu juste pour diriger l'évêché de Valence, peuplé de 514.000 habitants, dont le seul siège épiscopal a une population de 64.000 habitants - presque autant que toute la Lozère, et son agglomération jusqu'à Romans, plus de 200.000. Valence c'est aussi six séminaristes à l'automne 2024 - dont deux, un religieux et un diocésain, vont être ordonnés en juin prochain, 42 communautés religieuses, 65 prêtres en activité et 37 diacres.

Bref, Mgr Durand a changé de dimension, mais l'a t'il saisi ? Ou cherche t'il, quelque peu dépaysé, à revenir dans un cadre qu'il connaît en transformant la Drôme en Lozère ? Pour cela, il ne faut pas grand chose, le diocèse étant déjà largement déchristianisé - persécuter les fidèles de la messe traditionnelle en leur retirant leurs prêtres, déplacer dans les coins reculés du diocèse les curés qui ont le plus de succès, décourager les séminaristes - et bien sûr trouver un moyen pour faire fuir 400.000 habitants du département.

Les deux premiers points du plan sont en cours, et comme Mgr Durand manque quelque peu de bouteille, il le fait depuis son bureau, en caressant ses épaulettes de général d'opérette, à grands coups de menton et de plume.

C'est aussi comme ça qu'il s'apprête à déplacer un curé de Valence de sensibilité plus charismatique, l'abbé Benoît Pouzin, originaire de Valence et frère des fondateurs du groupe de louange Glorious, qui depuis quelques années essaie de faire de la peu gracieuse mais fonctionnelle église sainte Catherine, au sud de la gare, une réplique en plus petit de sainte Blandine à Lyon, et c'est une des rares églises de la ville à être pleine, comme Notre-Dame, alors qu'à la grand messe du dimanche, la cathédrale elle même est à moitié vide.

Visiblement, à lui aussi il est reproché de réussir et faire de la concurrence aux évangéliques locaux. Une pétition de ses fidèles nous apprend qu'il est déplacé à Crest dans l'est peu peuplé - et historiquement protestant - du diocèse. Et visiblement là encore, Mgr Durand n'a eu que faire de son apostolat, de son charisme ou des demandes des fidèles.

On peut le constater dans une pétition qu'ils ont écrite : "le diocèse lui impose de changer de paroisse, sans lui demander son avis. Nous allons nous retrouver dans quelques mois, sans Benoit Pouzin, nous paroissiens, nous parents ayant nos enfants dans l'enseignement catholique, nous communauté éducative des écoles d'enseignement catholique de Valence.

Elle entraîne une rupture injuste avec une figure cléricale si chère à nous. En tant que paroissiens dévoués et membres actifs de l'église, simples participants occasionnels de sa messe, ou parents d'élèves des écoles qu'il accompagne, nous estimons qu'il est de notre devoir d'élever nos voix pour contester cette décision. Nous croyons qu'il est essentiel de prendre en compte l'impact émotionnel et spirituel de cette décision sur nous tous".

Évidemment Mgr Durand n'a pas répondu. Peut être parce que les fidèles ont conclu en posant une vraie bonne question : "avant un prêtre passait sa carrière dans le même village ou dans la même église et tout allait très bien. Pourquoi casser une dynamique forte quand l'église ne va pas bien ailleurs, et souffre ?"

Probablement parce que avant Mgr Durand n'aurait eu aucune chance de devenir évêque, en Drôme ou ailleurs, sans qu'on lui impose d'avoir un peu plus d'expérience pastorale, dans des villes ou des terroirs plus vivants et divers, avant de lui confier tout un diocèse.

Zéro concertation, zéro écoute, Mgr Durand a tout vu, tout prévu, c'est lui, il sait. Il est l'évêque, et ceux qui ne sont pas contents n'ont qu'à se soumettre ou quitter leur terre, leur rite, leur communauté. Mgr Durand aime les numéros , les matricules, et il est peut tout casser à n'importe quel endroit. Comme on dit dans les pays de l'est "casser est bien plus simple que bâtir". Contrairement au préfet ou à un haut gradé, Mgr Durand ne rend de comptes à personne et percutera l'iceberg dans une solitude magnifique. Et le diocèse de Valence avec lui.

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