Notre lettre 1272 publiée le 17 septembre 2025
NOTRE-DAME DES CIMES,
LE PREMIER PÈLERINAGE
TRADITIONNEL SAVOYARD

Décidément, les pèlerinages locaux de Tradition reviennent au goût du jour - et pas qu'en France, puisqu'en Pologne l'un d'entre eux compte de plus en plus de marcheurs pour son pèlerinage de 11 jours (!) entre Varsovie et Jasna Gora en août. En Savoie, les 13 et 14 septembre dernier, ce sont 250 marcheurs venus d'Annecy, Grenoble et Chambéry qui ont péleriné pour la première édition de Notre Dame des Cimes, entre Notre Dame de Bellevaux et le sanctuaire Notre Dame de Myans, à 10 km à l'est de Chambéry.
Ce dernier est une chapelle double - une église souterraine aux voûtes ornées des saints et bienheureux de Savoie dans les années 1930 et une chapelle haute gothique, surmontée par un carillon et une tour où se trouve la statue dorée de la Vierge. Le lieu commémore l'effondrement du 25 novembre 1248 du Mont Granier voisin - le glissement de terrain emporta une dizaine de villages et la vie de 2500 personnes, mais s'arrêta aux portes de la chapelle où les moines étaient en prière. La chapelle devint un sanctuaire, et les éboulis - un vignoble au XVIIe, c'est ici que poussent les vins d'Apremont et des Abymes.
Le lieu, qui abrita jadis une dizaine de prêtres diocésains, n'en accueille plus que deux - le recteur et le prêtre de la paroisse qui englobe la dizaine de clochers voisins, dont les derniers fidèles tiennent dans les 100 places de l'église souterraine. Une partie des bâtiments sont vides ou abandonnés. Mais l'un des rares sanctuaires savoyards (avec Notre Dame de la Vie) continue d'accueillir pèlerins et groupes - de Savoie et des diocèses voisins.
Cependant les 250 pèlerins - y compris un certain nombre de familles et d'enfants, pas découragés par le dénivelé (650 m) et le temps guère clément du 13 septembre - se sont réunis dans la cour du sanctuaire, trop nombreux pour l'église souterraine et à fortiori pour l'église haute. La prévoyance des aïeux - du temps où l'Eglise catholique n'était pas en crise - a construit une estrade couverte pour célébrer des messes à ciel ouvert et c'est là que les aumôniers ont pu organiser un temps d'adoration.
Ce pèlerinage savoyard, avec force drapeaux locaux et une organisation millimétrée forte de l'experience acquise lors des pèlerinages de Notre-Dame de chrétienté à Chartres, avec un bivouac sur un col à 1000 mètres d'altitude, a réuni des groupes de pèlerins locaux, aux noms de saints savoyards et iserans - une trentaine de grenoblois, une cinquantaine de chambériens et les autres venus d'Annecy. Trois prêtres et deux médecins accompagnaient la colonne.
Autorisé par la bienveillance de Mgr Verny , il est aussi, avec les récentes ordinations d'un prêtre et d'un diacre à Chambéry, une des rares manifestations de vitalité d'un diocese triple (Chambéry, Maurienne, Tarentaise) qui continue à décliner.
Particulièrement flagrant, à Saint Jean de Maurienne le rétrécissement du diocèse de Maurienne des dernières années n'est pas qu'en nombre de fidèles, mais aussi géographique. Le collège Saint Joseph, situé sur le site du couvent des Bernardines (17e) a fermé en 2015 faute de finances et d'élèves, ainsi que l'école située plus haut. Juste à côté, la maison diocésaine, ex grand séminaire - un bâtiment imposant de trois étages sur rue, à l'ouest du centre ville historique, et quatre sur cour, a été vidé en 2023/24. Le diocèse s'est réinstallé dans quatre salles au dessus de la maison paroissiale, un bâtiment bas formant la galerie nord du cloître médiéval de la cathédrale. L'emprise de l'ancien collège et de la maison diocésaine a été cédée à la ville en 2023 en vue d'un aménagement mais les bâtiments restent vides, fermés avec des plaques anti squat, les fenêtres cassées battant au vent.
Ce pèlerinage savoyard a été aussi maintenu malgré la pression d'un évêque voisin qui ferait mieux de se préoccuper des affaires de mœurs dans son diocèse, des dérives des communautés nouvelles et des faits encourant l'excommunication immédiate qu'il couvre par son silence - c'est peut être parce que son épiscopat est un échec et lui - et ceux qui gouvernent à travers lui - sur un siège éjectable qu'il se mêle autant de ce qui se passe dans les diocèses voisins. D'où cette étonnante exigence faite de ne pas communiquer autour du pèlerinage, même de ne pas l'annoncer - dans quel monde vivent ces épiscopes qui pensent qu'en 2025 on peut passer sous silence un pèlerinage ?
Contre la crise de l'Eglise, les pèlerins de Notre Dame des Cimes ont marché et prié. "Pendant deux jours nous avons pèleriné ensemble sur les routes de notre belle Savoie", rappelait le président de l'association organisatrice lors de son mot d'envoi. "Nous avons été les témoins courageux de la gloire de Dieu dans nos vies, nous avons arpenté les terres montagneuses, traversées en chantant des Ave Maria, nous avons été en mission pour le bon Dieu. Bravo et merci pour votre courage, d'être sortis de votre confort. Nous avons prié et cela compte aux yeux de Dieu. Et nous nous sommes remis entre les mains de Marie. Notre Dame des Cimes, veille sur nous maintenant, à Myans et à chaque instant de nos vies".
D'ailleurs le diocèse de Chambéry lui aussi prépare un pèlerinage vers Myans le 5 octobre prochain- avec trois colonnes comme autant de diocèses et moins de dénivelé et de kilomètres. Des marcheurs de Notre Dame des Cimes y seront - rendant à leur diocese la bienveillance et l'ouverture pastorale de leur évêque. Que Notre-Dame des Cimes veille sur eux tous, d'où qu'ils viennent et quel que soit leur rite et leur assure à tous la Paix Liturgique.